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Quelle est la position de l'Eglise réformée sur l'euthanasie?

Armos 02.02.2009 Thème : Maladie, souffrance et santé Bookmark and Share
Réponse de : Michel CornuzMichel Cornuz

Bonjour,

Je ne crois pas que nos Eglises réformées aient pris des positions officielles sur ce sujet; comme souvent, elles donnent plutôt des pistes de réflexion pour que chacun puisse se forger ses propres convictions. Je ne peux donc que vous faire part de mon propre point de vue:

- D'abord, il me semble important de distinguer ce qu'on appelle "l'euthanasie passive" avec "l'euthanasie active" . L'euthanasie "passive" consiste à ne pas s'acharner thérapeutiquement sur un malade en fin de vie, à développer uniquement des soins de confort et à veiller à ce que la personne ne souffre pas. C'est alors le sens étymologique d'euthanasie qui est ainsi visé : la "bonne mort", une mort si possible paisible, sans acharnement. Il y a derrière cela aussi toute la philosophie des soins palliatifs (où on évitera ce terme d'euthanasie...), et je crois que ce type de démarche, où les médecins reconnaissent leurs limites et la dignité de la personne en fin de vie, ne peut êtrequ'encouragée.

-L'euthanasie active est plus violente, puisqu'une personne intervient de manière active (débranchement d'instruments, administration de produits, etc...) pour provoquer la mort. Certains cas très médiatiques ont montré que la législation à cet égard n'était pas bonne et prolongeait certaines personnes qui demandaient à mourir dans une vie faite d'horribles souffrances. Il est normal que le législateur soit prudent, pour éviter les risques d'excès (euthanasier n'est pas un acte léger!), mais il faudrait prendre en considération des cas d'exception et pouvoir autoriser, dans certains cas et à certaines conditions, notamment : voeu du patient, accord de la famille, suivi médical...etc..) cette manière d'abréger les souffrances. D'ailleurs la différenciation entre les deux formes d'euthanasie n'est pas si claire : Administrer de la morphine dans le premier cas peut accélérer la mort...Débrancher un appareil dans le second peut s'apparenter à un refus d'acharnement et une cessation des soins superflus!

- Quant à Exit, c'est encore un autre problème: Là il s'agit d'une aide au suicide. Il me semble que cette association a beaucoup de succès, parce que les médecins et législateurs ne sont pas clairs sur l'euthanasie. Le souhait de mourir dans la dignité est respectable et si les gens n'ont pas confiance en leurs médecins, ils ne peuvent que se tourner vers "Exit" ou "Dignitas". Quant à moi, je suis très perplexe par rapport à cette "aide": Il me semble qu'il y a là une volonté d'avoir une "maîtrise" sur sa propre vie, dans un acte qui peut avoir des répercussions très graves sur le reste de la famille (ce qu'Exit souvent ne prend que peu en considération). Les critères sont aussi assez flous: Quand est-ce que la souffrance est intolérable? Que penser des maladies psychiques? Enfin, il y a dans l'association un discours que je trouve très ambigu sur le "choix de sa propre mort". Et je me pose aussi la question sur les motivations et les formations des bénévoles. Il y a en tout cas matière à débat! 

Il me semble toutefois que le rôle des Eglises n'est pas de condamner ! L'appel à un organisme comme Exit témoigne d'une souffrance immense, mais d'accompagner les personnes en fin de vie et leur famille, quelle que soit leur décision, et agir dans la société pour que les soins palliatifs, qui prennent en compte toutes les dimensions de la personne en fin de vie, soient généralisés.


Commentaires

  • Nicole18.06.2009
    Bonjour, Je me permet tout d'abords de vous corriger sur les définitions que vous donnez: -Ce que nous entendons par "euthanasie passive" est de ne pas commencer ou arrêter un traitement médical. C'est à dire que débrancher une machine vitale pour le patient fait aussi partie de cette catégorie. - Pour ce qui est de la morphine, quand elle attribuée pour atténuer les souffrances, tout en sachant que cela peut avoir comme effet secondaire d'abréger la vie du patient, cela fait partie de la catégorie d' "euthanasie active indirecte". Je me pose également beaucoup de questions à ce sujet. Par exemple, comment peut-on justifier qu'on ait le droit de décider de continuer à vivre, notamment en suivant un traitement médical, et d'autre part qu'il soit interdit de choisir de mourir? Est-ce qu'on peut justifier que de nos jours nous soignons un nombre incroyable de maladie, qui il y a 2000 ans auraient menées à la mort et d'un autre côté vouloir "interdire" le choix de quelqu'un de ne plus vouloir vivre. Par exemple si une personne agée, multimorbide qui n'aurait jamais vécue aussi longtemps sans les avancées médicales décide un jour qu'elle ne peut plus continuer, doit-elle se "laisser mourir" à petit feu en arrêtant ses traitements plutôt que d'avoir recours à l'euthanasie? Vous dites également qu'exit ne prend pas en considération la famille et que avoir de graves répercussions sur cette dernière. Mais, je pense que chaque mort a de graves répercussions sur la famille, peut importe qu'elle soit à la suite d'une maladie ou d'euthanasie. Meilleures salutations
  • yves06.08.2010
    L'euthanasie en tant qu'acte d'amour est particulièrement déstabilisant pour les croyants. L'aspect romantique d'une protestation contre la souffrance de l'être aimé ressemble alors à un blâme adressé à Dieu. Le problème se complique du fait qu'on peut le comprendre humainement et qu'en même temps on s'inquiète de ce que l'être humain puisse porter un jugement moral sur Dieu ou à tout le moins sur la vie. Yves
  • jj5004.10.2011
    Merci à Nicole, que je rejoins entièrement. Pasteur, j'ai accompagné des familles ayant fait appel à EXIT. La pierre de touche est effectivement la manière dont la famille est informée, voire associée. Il me semble bon que les tout proches ne restent pas longtemps dans l'ignorance de la décision qui mûrit. On pourrait recommander que ce soit fait le mieux possible. Mais impossible d'obliger: les situations sont si différentes!