J'ai toujours pensé que qqn qui a la foi ne déprime pas. Suis-je intolérante?

Bonjour,

Merci de partager votre vision de la foi et de votre relation avec Dieu. Vous semblez vivre une foi lumineuse, une confiance qui vous aide dans votre vie quotidienne et je ne peux que me réjouir de cette attitude de confiance! 

Est-ce de l'intolérance? Ou un manque de réalisme? Si vous posez la question, et que vous pensez même être "égoïste, c'est que vous avez un doute sur votre attitude spirituelle.

Je pense qu'il faut distinguer deux aspects: - D'abord ce que vous ressentez pour vous-même, dans votre vie intime, dans votre relation avec Dieu, avec ce sentiment qu'il crée chaque jour des miracles dans votre vie. C'est une interprétation de ce que vous vivez que vous pouvez faire dans l'action de grâces et la reconnaissance. Je ne vois là aucune intolérance ni aucun manque de réalisme. Mais je crois qu'il ne faut pas absolutiser cet état d'esprit... Peut-être aurez-vous à traverser aussi des moments de sécheresses spirituelles, des périodes de doutes où la relation à Dieu ne sera pas aussi lumineuse, des moments d'épreuves où vous ne comprendrez plus ce qui vous arrive. Là, il vous faudra persévérer dans le combat de la foi, une foi qui ne sera plus si évidente! Il sera alors important de tenir bon et de ne pas flancher ou renoncer parce que la foi ne sera plus la même qu'aujourd'hui. Dans les Psaumes, il y a des psaumes de jubilation, d'action de grâces et de louanges, mais aussi de supplications, d'appels au secours, voire de "révolte" quand le psalmiste ne comprend plus où Dieu veut le conduire. L'essentiel est de maintenir la relation avec Dieu, si ténue soit-elle, aussi dans ces moments d'épreuves! 

- Ensuite, il faut être prudent dans les généralisations. Comme je l'ai dit, votre foi/confiance est le regard que vous portez sur votre vie, sur votre relation avec Dieu. Le problème - et l'intolérance peut-être- commence si vous pensez que chaque croyant doit nécessairement vivre sa foi dans cette dimension d'insouciance lumineuse.  Je perçois cela quand vous soupçonnez les personnes qui n'ont pas cette attitude de ne pas être des croyants sincères. Là, vous émettez un jugement sur la sincérité de la vie spirituelle d'autrui, et cela peut conduire à une forme d'intolérance ...Le risque est alors d'avoir l'attitude des amis de Job par rapport à la souffrance de Job: Chercher à l'expliquer...et culpabiliser Job: S'il souffre, c'est qu'il est coupable de quelque faute cachée! Le livre de ob vient casser tout ce type d'explications. Il y a aussi des croyants sincères qui peuvent voir le sol se dérober sous leurs pas, qui peuvent rencontrer le soleil noir de la dépression, et dans cette nuit de la foi, continuer à quand même croire, faire confiance, même s'ils n'arrivent plus à le ressentir. C'est d'une certaine façon l'expérience de l'abandon par Dieu, comme Jésus en a fait l'expérience sur la Croix: "Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné?" qui, traversé, peut déboucher sur la Lumière de Pâques, de cette Joie profonde que nul ne peut ravir à celui qui la vit, car elle est don de Dieu par-delà la souffrance et l'épreuve.