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Que dit l'Eglise réformée au sujet du parler en langues?

fran 18.03.2011 Thème : Spiritualité et prière Bookmark and Share
Réponse de : Michel CornuzMichel Cornuz

Bonjour,

 En fait l'Eglise réformée n'a pas d'enseignements précis sur ce sujet. Vous le savez, l'Eglise réformée est pluraliste et rassemble aussi des personnes avec des expériences spirituelles très différentes. Il y a au sein de l'Eglise réformée des personnes liées au mouvement charismatique et qui vivent ce "parler en langues", toutefois, plutôt dans des réunions de prières, et non lors d'un culte communautaire (puisque la plupart des membres ne pratique pas ce type de prières).

Si je ne peux donc pas donner un point de vue officiel, je peux vous faire part de mon opinion pastorale à ce sujet. Les chapitres 12 et 13 de la première épître aux Corinthiens sont très importants quand on aborde ce thème des dons spirituels: Paul écrit à une Eglise très charismatique, il ne remet d'ailleurs pas en question ces dons, mais les resitue à leur place: s'ils conduisent à un sentiment de supériorité, à s'affirmer  super-chrétiens contre les autres, etc..alors ces dons sont nuisibles. En revanche, s'ils sont là pour l'édification communautaire et qu'ils culminent dans l'amour,  ils sont profitables.

Le parler en langues en particulier peut être une manière d'adorer Dieu par-delà les mots et l'intellect et ouvrir ceux qui le pratiquent à une expérience spirituelle forte. Je n'ai évidemment rien contre cela! D'autres peuvent vivre avec la même force une prière totalement silencieuse et dépouillée, comme manifestation de la Présence de Dieu. Le problème vient pour moi, quand on fait d'un type d'expériences le critère de l'appartenance au Christ...ou la "preuve" du baptême de l'Esprit qui serait supérieur au baptême "normal". C'est vrai que certains textes des Actes pourraient aller dans ce sens, mais il faudrait les relire attentivement... Je suis très méfiant devant la catégorisation des chrétiens, en fonction de dons spirituels extraordinaires. Pour moi le baptême de l'Esprit est l'énergie que nous recevons du Christ chaque jour et qui nous transforme à Son Image en opérant notre "sanctification". Les fruits de l'Esprit ne sont pas alors spectaculaires forcément, mais c'est la douceur, le don de soi, l'amour à l'image du Christ qui s'abaisse pour rejoindre les hommes et femmes au plus bas (cf. Philippiens 2, Galates 5). 



Commentaires

  • Eliana1906.10.2011
    Bonjour, Je suis vraiment d'accord avec vous. Voilà ma réflexion sur le sujet : le parler en langues n'est pas à rechercher dans la communauté. Tout d’abord, le parler en langues est un charisme particulier, comme le don de guérison ou de faire des miracles. Tous les chrétiens n’ont pas reçu le don de parler en langues, de la même façon que tous les chrétiens ne sont pas apôtres, prophètes, enseignants ou font des miracles ou encore ont le don de guérison : cf. 1Co 12,29-30. Ainsi, le parler en langues n’est pas plus universel que les autres charismes (dont celui de faire des miracles). Chaque chrétien a reçu un don particulier : le don des langues n’est qu’un don parmi les autres. Paul écrit en 1Co 12,31 : « Ayez pour ambition les dons les meilleurs ». Tout d’abord, si l’on recherche les dons spirituels, Paul nous invite à chercher les dons les plus élevés. Or, le parler en langues ne fait pas partie des dons supérieurs : dans la liste dans laquelle il énumère les dons spirituels (1Co12,28) en leur donnant un ordre précis, (« premièrement les apôtres, deuxièmement les prophètes, troisièmement l’enseignement, ensuite le don des miracles ») le parler en langues vient en dernier. Dans la recherche des dons spirituels, Paul invite à chercher les dons les meilleurs c’est-à-dire ceux qui édifient la communauté, comme le don de prophétie. Contrairement à ce charisme qui fait grandir la communauté dans la foi (« il édifie, exhorte, encourage »), le parler en langues a une portée extrêmement limitée et personnelle. 1 Co 14,26 : « que tout se fasse pour l’édification commune ». Le parler en langues est également à circonscrire strictement dans son usage, pour deux raisons : Premièrement, Paul écrit : « Parle-t-on en langues ? Que deux le fassent, trois au plus, et l’un après l’autre ; et que quelqu’un interprète. S’il n’y a pas d’interprète, que le frère se taise dans l’assemblée, qu’il se parle à lui-même et à Dieu ». A défaut d’interprète, il vaut mieux couper court au parler en langues. Deuxièmement, Paul montre très clairement que la glossolalie peut être un contre-témoignage par rapport aux non-croyants. Si tous parlent en langues, les non croyants risquent de prendre les chrétiens pour des fous, alors que s’ils prophétisent, ils viendront à la foi grâce à un discours qui pourra toucher leur cœur et leur intelligence (1Co 14,23-25). Or, la mission de l’Eglise est-elle de se replier sur elle-même en restant entre chrétiens, ou bien l’évangélisation ? Par conséquent, le parler en langues, sans qu’il soit à proscrire (1Co 14,39), doit être strictement limité : dans le culte dominical et dans toutes assemblées ouvertes aux non croyants, il représente un danger de contre-témoignage, donc il n’est pas à utiliser. Par contre, dans les groupes de prières, il peut être employé avec les restrictions indiquées. Dans la prière personnelle bien-sûr, son usage est libre. Paul écrit qu’au-delà des dons spirituels, se trouve une voie infiniment supérieure (1Co 12,31) : l’amour. Ce don de Dieu est à chercher par-dessus tout autre don, car là où les charismes sont limités de nombreuses façons et notamment dans le temps, l’amour ne passera jamais (1Co 13). L’amour est donc à rechercher en chaque situation avant tout dans la vie de chaque jour : s’il y a un charisme à chercher c’est bien celui-là.