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Dans notre foi, quelle place à ce que l'homme appelle "progrès"?

04.03.2005 Thème : Foi: que croire et comment ? Bookmark and Share
Réponse de : Daniel GuexDaniel Guex
, de la famille, rendent l'exercice de la religion
tel qu'il était pratiqué il y a 50 ans plus difficile. C'est d'abord un CHOIX
avant d'être une obligation sociale ou morale. Et là je dois avouer que c'est
un progrès d'avoir ce choix-là, et que l'on ne soit plus montré du doigt parce
qu'on ne se marie pas etc. Je ne fais pas l'apologie de l'union libre, j'approuve
simplement cette liberté qu'a l'individu de dire vraiment oui au mariageŸ,
puisque le nonŸ ne le bannit plus de la communauté.

Quand je parle de positions dépasséesŸ, je pense surtout à la question des
femmes: droit au travail, à la contraception, au divorce etc. Il est vrai que
l'émancipation des femmes a bouleversé toute la société, y compris la vie de
l'Eglise, plus profondément qu'on ne le croit. Mais qui osera dire que cette liberté
nouvelle des femmes est "mauvais signe": pas vous!

Vous dites: Pour s'exprimer ainsi, on ne peut avoir derrière la tête, bien
ancrée, que l'idée selon laquelle l'humanité marche inexorablement vers un progrès
qui l'acheminera un jour vers sa perfection. Cette idée est courante depuis
Hegel -et curieusement, elle résiste à tous les courants contraires-, mais elle n'est
pas dans l'EvangileŸ. En tant que femme, les progrès concrets des dernières
décennies me font chaque jour comprendre la chance que j'ai de vivre à notre
époque, malgré tous ses problèmes. Je ne crois pas au bon vieux tempsŸ, les
Grecs anciens déjà se lamentaient sur leur jeunesse dévoyée etc. C'est finalement
une question de point de vue. Je pense qu'il y a d'excellentes choses dans notre
société occidentale du XXIème siècle, qu'il faut savoir reconnaître et apprécier,
et d'autres moins réjouissantes. Si nous ne croyons plus, en tant que chrétiens,
que le monde va vers un avenir meilleur (il ne s'agit pas d'imaginer un monde
parfait où tout serait bel et bonŸ, cela donne le totalitarisme ou le fanatisme)
, si nous considérons le monde où nous vivons comme mauvaisŸ, alors il faut
réapprendre à aimer ce monde, et nous y trouverons Dieu. Là encore, c'est une
question de point de vue.

Vous dites: Pour moi, il ne s'agit pas de laisser une place à Dieu,- comme
si nous autres créatures, accordions tout de même quelque chose à notre créateur!, ...
mais il s'agit bel et bien de lui faire TOUTE la place.Ÿ En tant que pasteur,
vous savez bien que personne n'est "obligé" de croire en Dieu et que si on se ferme
à Lui, Il ne force pas la porte. Il attend son heure, Il espère (du moins le
Dieu auquel je crois). Mais que signifie lui faire TOUTE la placeŸ? Quand je
travaille, Dieu est présent là où je travaille, quand je regarde un beau paysage,
je peux le reconnaître aussi. Si toute la placeŸ signifie connaître Dieu entièrement
et vivre selon Sa Volonté et elle seuleŸ, qui peut dire, à moins d'être Dieu
lui-même: Dieu veut que je fasse ceci ou celaŸ ou "Dieu pense que ceci est
mal"? Je prends mes responsabilités, c'est tout, en espérant que Dieu est d'accord,
sûre que je suis de son soutien inconditionnel. Mais vivre totalementŸ pour
Dieu, voilà un discours totalitaireŸ, car il rejoint l'idée qu'il y a une Vérité
Unique sur Dieu détenue par ceux qui se disent "vrais chrétiens"...

Et c'est en cela que je ne suis pas d'accord avec vous: faire un choix personnel
et l'assumer, en pensant à ce que Dieu dirait (ma position) et laisser le Christ
faire mes choix et me déresponsabiliserŸ, même si vous n'employez pas le mot:
il importe que le Christ préside au choix de mes réseaux, et que je lui en laisse
la direction et l'organisation.Ÿ (votre formulation). Et si je vous disais que
nous parlons de la même chose, mais avec des mots différents? Mais changer les
mots, c'est aussi changer le contenu du discours...

Quant à votre dernière phrase, je ne sais pas comment la comprendre: Or quand
le monde se fourvoie, que doit faire (la religion)? Se conformer aux idées du
monde me paraît être la dernière chose à faire.Ÿ Vous parlez du mondeŸ comme
si c'était le Diable. Vous généralisez comme si tout était mauvais sur Terre. Ce discours
m'éloigne du message de l'Evangile qui invite à aimer le monde, et les personnes
qui y vivent, car là est Dieu aussi (et peut-être surtout). Si certaines idées
de ce mondeŸ me paraissent vraies, sont-elles fausses a priori, simplement parce qu'elles
appartiennent au mondeŸ? Je rejette cette conception de la foi, sans regard
objectif sur ce mondeŸ quand même rempli de choses et de personnes formidables!
Si la pratique religieuse recule, c'est que la société et les modes de vie changent
(avec des bons et des mauvais côtés, comme toujours), et non que le mondeŸ
se fourvoie, ou alors il ne cesse de se fourvoyer depuis qu'il existe, ce qui
est sans doute vrai, d'ailleurs, autant qu'il progresse (médecine etc.). Rien
de nouveau sous le soleil !

J'espère que vous comprendrez l'esprit dans lequel j'ai écrit les lignes ci-dessus:
j'exprime mon avis, avec honnêteté et sincérité, ce qu'on ne pouvait sans doute
pas faire aussi directement il y a 50 ans: Internet n'existait pas ! Mais ce
qui est peut-être une "régression" pour vous, est un progrès pour nous, croyants en
recherche, ce contact direct (via l'ordinateur) avec nos questionnements intérieurs.
Merci de m'avoir lue jusqu'au bout. Caro
Chère Caro, vous vous êtes donné la peine de rédiger un discours circonstancié,
dont l'enjeu me paraît capital, et qui mériterait mieux qu'une de ces réponses-
flash auxquelles notre site est obligé de se restreindre. Mais reconnaissons
que poursuivre la conversation sur le même ton équivaudrait à une partie de ping-pong
peu intéressante pour les autres internautes.
Croyez-moi, j'apprécie votre optimisme et votre regard positif sur le monde
contemporain; ... et je n'aimerais pas jouer les trouble-fêtes avec mon pessimisme
et mes doutes profonds sur ce monde et ses prétendus "progrès". Je ne vais donc
pas m'étendre sur ce sujet, mais essayer d'exprimer ma conviction en quelques
mots, sans reprendre chacune de vos interrogations):
1- Moi non plus, je ne crois pas au "bon vieux temps"; mais je ne crois pas
plus aux "lendemains qui chantent". Certes, il y a aujourd'hui certaines façons
de vivre qui peuvent légitimement être considérées comme un "plus" ou un "mieux"
par rapport au passé (en se référant au critère évangélique de l'amour et du respect
du prochain); mais en même temps, ces nouvelles façons de vivre ont amené d'autres
problèmes, qui ont conduit à des situations malsaines, que nos ancêtres n'ont
pas connues ...
2- Je ne prétends pas que "ce monde, c'est le Diable"; je crois par contre -pour
employer une expression que je n'ai pas utilisée dans mes propos précédents-,
que ce monde est "marqué par le péché": il a donc un penchant à s'éloigner de
Dieu, et à se fourvoyer depuis qu'il existe. (NB: parler de péché, c'est parler
de relation avec Dieu; or, pour la Bible, Dieu n'est en définitive que le Dieu
de la Grâce)
3-. Oui, si j'accepte Dieu dans ma vie, j'accepte qu'il règne sur elle, et qu'il
n'y ait pas de domaine qui lui échappe; cette manière de vivre et de croire
ne me déresponsabilise pas, au contraire: elle m'engage à faire des choix qui
ne seront pas toujours compris, et à faire de ma vie une réponse à Celui qui m'a aimé
le premier. C'est dans la foi, l'espérance et l'amour que je peux découvrir
et me réjouir de " toutes les choses et les personnes formidables", que je peux
percevoir et accueillir comme des cadeaux de Dieu.



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