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La Genèse a-t-elle encore quelque chose à nous apprendre ?

16.02.2007 Thème : Face à la science Bookmark and Share
Réponse de : Jacques KÜNGJacques KÜNG
peut-on croire aujourd'hui considérant l'évolution actuelle de la science
au sujet de la création de l'homme "adamique".
Evolution, création, insufflation de l'esprit (conscience) ?
Que peut-on vraiment enseigner à nos adolescents dans nos églises?
Faut-il toujours leur dire que la Genèse (ou la Bible) n'a rien à nous apprendre
à ce sujet ?
Ce n'est pas l'avis des rabbins... Est-ce dû éventuellement à notre incapacité
d'interpréter les textes dans la langue originelle ?
Merci pour votre précieux renseignements.
OUI : la Genèse a encore quelque chose à nous dire. Et ce site propose plusieurs
pistes à ce sujet.
Pour aborder cette question avec des adolescents, j'ai souvent recours à la
chanson où Cabrel fait parler Dieu : "Si j'ai bien toute ma mémoire disait Dieu
dans un coin du ciel, j'avais commencé une histoire sur une planète nouvelle,
toute bleue, bleue pour pas qu'on la confonde. Je vais aller m'asseoir sur le
rebord du monde, voir ce que les hommes en ont fait."
Les ados ne mettent pas cette chanson en opposition avec les hyptothèses scientifiques
travaillées à l'école : ils ont bien conscience que le scientifique et le chansonnier
ne jouent pas dans le même registre, tout en ayant aussi raison l'un que l'autre.
Cela me conduit à considérer l'auteur de la Genèse comme le Cabrel de son époque :
non pas un scientifique qui décrit et explique, mais un poète qui évoque, suggère
et interpelle.
Le poète de la Bible n'explique ni comment ni quand le monde a été fait. Il
partage sa conviction que le monde est source d'émerveillement (cf. le refrain
de Genèse 1 : "Dieu vit que cela était bon"), tout en reconnaissant qu'il est
aussi cause d’angoisse et de peur.
Le poète de la Bible dit cela avec ses mots et avec les conceptions de son temps.
Relisez donc Genèse 1 avec ces quelques points de repère :
- les eaux sont lieux de refuge pour des puissances menaçantes : les voici limitées:
- la terre n’est souvent que désert aride : la voici bénie;
- le soleil et la lune sont objets de vénération et de crainte : les voici simples
lampadaires accrochés à la voûte céleste;
- les bestioles qui grouillent de partout menacent l’espace vital : elles ne
sont que simples créatures.
Facile à dire, facile à écrire : quelques mots suffisent-ils pour chasser peurs
et angoisses ? Certainement pas.
Mais lorsqu’ils deviennent poèmes et chants et qu’on les imagine accompagnés
d’une mélodie, alors ces mots peuvent être dits et redits, proclamés ou fredonnés.
Peu à peu, ils s’insinuent au travers de nos peurs et de nos angoisses, ils
s’infiltrent jusqu’au plus intime de nous-mêmes, en ce lieu secret où la confiance
un jour pourra être donnée et reçue.
Si Dieu voit que cela est bon et qu’avec lui nous le chantons, alors notre regard
sur le monde s’en trouve peu à peu modifié. Le rythme de nos vies si souvent
bousculé s’en trouve structuré : un jour après l’autre, sous le regard de Dieu.
N'est-ce pas ainsi que notre expérience peut être nourrie par celle du poète de
la Genèse ?



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