Quelle est la spécificité du christianisme ?

Permettez-moi de résumer votre double question (identité + différence
par rapport aux autres religions) par le terme de  spécificité Ÿ. Qu’est-ce
qui fait la spécificité du christianisme ? A mon sens, la réponse consiste en
un mot : le mot  grâce Ÿ. Encore faut-il expliquer ce qu’il signifie !
On peut facilement substituer au mot  grâce Ÿ qui appartient au patois
de Canaan, l’expression  don gratuit Ÿ. Au coeur de la prédication de Jésus
comme du christianisme néo-testamentaire, il y a cette certitude que tout vient
de Dieu. Même la foi-confiance que je peux mettre en Dieu m’est un don gratuit de Dieu.
Tous les dons divins ne sont pas intéressés de la part de Dieu. Avant de me
faire don de ceci ou de cela, Il n’attend pas que je fasse quelque chose pour
le mériter. Il n’attend même pas que je l’en remercie. Si je lui suis reconnaissant,
tant mieux, mais Il n’exige pas de la reconnaissance pour continuer à me donner...
Cette proclamation d’un Dieu qui, par exemple, me reconnaît comme quelqu’un
d’infiniment précieux indépendamment de ce que je suis est, à ma connaissance,
unique dans l’histoire des religions. Certes, dans l’Islam, par exemple, Allah
est dit miséricordieux. Ce n’est cependant là que l’un de ses 99 noms. Dans le christianisme,
si je puis m’exprimer ainsi, c’est son seul nom !
Jésus comme Paul se sont démarqués de leur religion d’origine, le judaïsme,
en ce qu’ils ont renoncé à affirmer qu’il faudrait que l’homme coopère avec
Dieu pour que l’action de Dieu (en nous ou das le monde) devienne effective
ou efficace. Ils ont affirmé la radicale coupure entre l’homme et Dieu qui ne
peut être réparée que par un acte complètement gratuit de Dieu.
Le propre de toutes les religions – à l’exception du christianisme authentique
– consiste à désigner le chemin qui conduit à Dieu et les moyens qu’il faut
utiliser pour surmonter les obstacles que l’on rencontre sur ce chemin. On dit
parfois que Dieu, c’est comme le sommet d’une montagne et qu’il y a plusieurs chemin
pour y arriver. Le christianisme affirme au contraire que Dieu est descendu
en Jésus du sommet de sa montagne pour venir me retrouver là où je suis, là
où j’en suis : dans ma plaine où il désire me voir bien vivre malgré la platitude
qui m’entoure.