En I Pierre 2 la souffrance monnaye-t-elle la grâce ?

Permettez-moi de compliquer encore un peu le problème! Les deux versets précédents
auxquels fait allusion ce verset 20 ("en effet")invitent les domestiques-esclaves
à être soumis à leur maîtres, que ceux-ci soient bons ou difficiles "car c'est
une grâce de supporter des peines par conscience de Dieu, quand on souffre injustement"!
La première de Pierre semble justifier l'esclavage le plus abominable qui soit!
Il faut en deuxième lieu se remettre dans le contexte de cette épître. L'Eglise
à laquelle elle s'adresse est visiblement persécutée et il lui est recommandé
de tout faire pour être témoin de l'évangile de Jésus-Christ dans une société
païenne. C'est là sa mission essentielle. Par ailleurs - comme bien souvent dans
les christianismes primitifs - nous avons une conviction bien assurée et partagée
par l'auteur et ses destinataires que le temps présent est très proche de la
fin de cet éon-ci et que toutes choses vont être radicalement changées. Il ne
s'agit donc pas d'un programme social qui devrait être valable pour les siècles
des siècles. Il ne s'agit pas non plus d'une attitude nécessairement recommandable
en toutes circonstances.
En troisième lieu se pose la question de l'articulation de la grâce et des souffrances.
L'acceptation patiente de la souffrance est demandée en imitation du Christ
souffrant (21). Elle est demandée, même quand on n'a rien à se reprocher. Car
lorsqu'on à quelque chose à se reprocher, cela va de soi que l'on doive être
puni par son maître. Pour témoigner de la grâce reçue - de la gratuité de ce
que Dieu nous donne - il importe d'accepter gratuitement les coups même quand
on n'est pas coupable. N'est-ce pas ce que le Christ a fait , lui qui n'a pas
commis de péché (22)?.
La souffrance injuste - et en ce sens gratuite - ne mérite-monnaye pas la grâce.
Elle en est la conséquence nécessaire et... joyeuse!
Cela, c'est ce que me semble dire le texte. Est-ce que c'est maintenant vrai
pour moi? c'est là une autre question. A cette question, il nous faut répondre
personnellement. Tout dépend en fait de savoir si nous nous croyons que nous
sommes à la fin des temps et comment nous interprétons cette fin de ce monde...