Tous les réformés sont-ils libéraux ?

Bonjour!
Fréquentant l'EERV, il m'est venu une question: Tous les réformés sont-ils libéraux?
La tendance libérale a-t-elle évincé la conservatrice? J'ai pu voir plusieurs
paroisses et quelques pasteurs qui étaient toujours libéraux. je fais également
partie d'un groupe de jeunes et là aussi la tendance est presque unanimement
libérale.
Existe-il des paroisses et des pasteurs moins libéraux voir plus conservateurs
dans le canton? Pourriez vous me les indiquer? Ce serait vraiment gentil.
Merci
Jozef
Cher Jozef,
Pour répondre à votre question, il faut se mettre d'accord sur ce qu'est un
théologien libéral. Ce terme recouvre, en effet, aujourd'hui des prises de position
très différentes!
Il y a d'abord une grande tradition du protestantisme libéral. Elle remonte
pour faire court aux Lumières du XVIIIe siècle. L'un de ses principaux maîtres
à penser en est Schleiermacher. Quelques pasteurs et laïcs de Suisse romande
se veulent les héritiers de cette tradition. Ils sont regroupés autour du journal "Le
Protestant" publié à Genève qui possède son site internet: www.leprotestant.ch.
Ce groupe est le pendant des libéraux français regroupés autour du journal "Evangile
et liberté" (www.evangile-et-liberte.net) et dans une certaine mesure du site
"Protestants dans la ville" (www.castelg.club.fr/index.htm). Leur position est
résumée par "le refus de tout système autoritaire, la primauté de la foi sur
les doctrines, la vocation de l'homme à la liberté, la constante nécessité d'une
critique réformatrice,la valeur relative des institutions ecclésiastiques, le
désir de réaliser une active fraternité entre les hommes qui sont tous, sans
distinction, enfants de Dieu".
Il y a ensuite un nombre de plus en plus grands de pasteurs et laïcs francophones
qui, pour affirmer qu'ils ne sont pas fondamentalistes ou "évangéliques", se
qualifient de "libéraux". Il me semble que c'est plutôt dans ce sens que vous
utilisez ce terme. Ce sont des personnes qui sont critiques, au nom de critères très
divers, face à la tradition et aux textes bibliques. Ils se permettent de dire
qu'ils ne sont pas d'accord avec telle affirmation qui semblait aller de soi
dans les milieux que vous qualifiez vous-même de "conservateurs". Ils se permettront
de dire que tel passage de la Bible n'a pas de valeur pour eux, que le dogme
de la Trinité doit être interprété très librement ou que l'avortement n'est
pas nécessairement quelque chose à interdire... Ces "libéraux"-là sont une nébuleuse
qui n'est pas organisée en mouvement, qui n'a pas de de limites bien précises.
Certains des théologiens qui répondent sur ce site - vous l'aurez deviné - participent
de cette nébuleuse.
Maintenant, vous désigner des pasteurs qui ne soient pas libéraux, mais conservateurs
me plonge dans l'embarras. On est, en effet, toujours le libéral de quelqu'un,
le conservateur de quelqu'un d'autre. Il y aura certainement dans l'EERV des
pasteurs qui ne vous paraîtront pas libéraux. Tous ne le sont, en effet, de
loin pas. Le plus simple est de vous armer de patience et de faire le tour de
quelques communautés, d'y rester quelque temps et de vous rendre compte par
vous-même si les positions qui sont en général prises dans cette communauté vous
convienennt ou pas.
Notez aussi qu'il y a quelque chose de très positif à prendre part à la vie
d'une communauté même si on n'est pas absolument d'accord avec toutes les options
qui y sont défendues. Il y a quelque chose de positif pour la communauté: elle
entend ainsi une voie discordante, doit se remettre en question, s'ouvrir au
dialogue. Il y a aussi quelque chose de positif pour soi-même: ne pas être nécessairement
conforté dans ses positions, rassurés par ce que l'on entend et vit autour de
soi, mais être toujours remise en marche. Pourtant ce que je viens de vous écrire
vous semblera peut-être par trop... libéral.