Jésus, fils de Joseph ?
de la conception de Jésus! Elle affirme en même temps que Jésus est fils de
la seule Marie et de Dieu et qu'il est, via Joseph, fils de David et même d'Adam
(dans la version de Luc 3,23ss de la généalogie de Jésus). Certes Luc a bien vu
le problème en ajoutant "fils, croyait-on, de Joseph" (alors qu'en réalité il
ne serait que fils de Marie et de Dieu)(Lc 3,23). Mais l'évangile de Jean affirme,
en sens inverse et à plusieurs reprises (Jn 1,45; 6,42) que Jésus était fils de Joseph,
sans prendre la précaution de faire savoir que ce n'est là qu'une manière (erronée)
de dire les choses!
Tout cela est, à mon sens, une incitation à ne pas prendre à la lettre l'histoire
de la naissance virginale de Jésus, mais de se demander ce que les auteurs bibliques
ont voulu dire en affirmant d'une part la naissance virginale, de l'autre le
fait que Jésus était aussi fils de Joseph.
En utilisant le mythe de la naissance virginale, ils affirmaient que Jésus n'était
pas simplement un homme né d'un père et d'une mère, mais qu'il était aussi -
et tout à fait paradoxalement - le fils de Dieu et même Dieu le Fils ou Dieu
devenu homme. Comme une telle affirmation est si paradoxale qu'il est extrêmement
difficile de la formuler, l'un des moyens trouvés par les auteurs bibliques
fut la naissance virginale. Un autre moyen consista à parler de ce même événement
- cf. l'évangile de Jean - en termes de Verbe qui est Dieu (Jn 1,1) et qui s'est
fait homme (1,14). Dans un cas comme dans l'autre, les auteurs bibliques veulent
dire qu'en Jésus l'absolu a fait irruption dans notre monde relatif, que La
Vérité de Vie a été dite une fois pour toute à l'humanité mensongère, que la distance
infinie qui - par notre faute - nous sépare de Dieu a été gracieusement abolie
par Dieu lui-même pour nous permettre de retrouver une juste relation avec Lui...
Qu'ont maintenant voulu dire les auteurs bibliques en affirmant que Jésus était
aussi "fils de Joseph" ? Ils ont certainement désiré rattacher Jésus à une tradition
qui remonte pour le moins à Abraham, le père des croyants. Il n'y a rien là
d'historique. Les ancêtres de Jésus sont, chez Matthieu, au nombre de seulement
trois fois sept: sept entre Abraham et David, sept entre David et l'exil à Babylone
et sept entre l'exil et Jésus. Jésus est ainsi rattaché aux trois grandes périodes
de l'Ancienne Alliance. Il est indéniablement un juif de par ses ancêtres. Or, à l'époque
en droit palestinien, on l'était par son père et même par son père adoptif (et
non par la mère comme c'est effectivement aujourd'hui le cas dans le judaïsme).
L'auteur de l'évangile de Matthieu veut ainsi signifier que Jésus appartient au
peuple de la promesse et qu'en lui s'accomplissent les promesses faites à Abraham,
à David et par les prophètes.
N'est pas là un problème qui ne touche pas à l'essentiel de la foi chrétienne ?
Je n'en suis pas si sûr. Pour moi, le fait que Jésus est l'incarnation de Dieu
est la pierre de touche du christianisme. Si on en enlève cet élément, le christianisme
n'est qu'une religion parmi les autres, voire un appendice du judaïsme. Le fait
qu'en Jésus s'accomplissent les promesses de l'AT ou qu'en lui il est répondu
aux attentes des hommes et des femmes de l'ancienne alliance est aussi une chose
essentielle pour ma foi, moi qui fais aussi partie de ceux qui comme Moïse, David,
Josaphat, ou Manassé "vivent sous la loi"...
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