Qu'est-ce que s'aimer soi-même ?

Jésus résume effectivement la seconde table de la loi par le commandement « aimer son prochain comme soi-même ». Il faut d’abord comprendre ce mot d’ordre dans le sens : « Aimer son prochain autant qu’on s’aime naturellement soi-même, c’est-à-dire infiniment ». Car c’est le propre de ce que la Bible appelle le « pécheur » que nous sommes tous de nous aimer énormément nous-mêmes. Cela nous empêche de vraiment aimer Dieu et de vraiment aimer notre prochain. En nous incitant à aimer notre prochain autant que nous-mêmes, il nous invite à rééquilibrer le poids que nous donnons à nous-mêmes et au prochain. Alors, si nous sommes prêts à donner notre vie pour nous-mêmes (notre gloire, nos convictions…) devrons-nous aussi manifester cet amour dont il n’est pas de plus grand en donnant si nécessaire notre vie pour nos amis.

Objection : tout le monde ne s’aime pas soi-même. Il en est même qui se détestent eux-mêmes ! Certes, mais ne se déteste-t-on pas soi-même parce qu’on aimerait grandement pouvoir s’aimer soi-même et qu’on n’y arrive pas ? C’est encore par amour fou de soi qu’on en arrive à se haïr soi-même ! Le contraire de l’amour de soi n’est pas la haine de soi qui reste une forme d’amour de soi, mais l’indifférence à soi ! Or je connais fort peu d’humains qui soient réellement indifférents à eux-mêmes…

En tous les cas, l’indifférence à l’égard de nous-mêmes n’est pas ce que Dieu nous demande. Il nous donne à nous-mêmes en nous créant, en nous disant que nous avons une valeur infinie à ses yeux. Notre vie  doit donc avoir de la valeur à nos yeux. Mais il nous demande d’aussi accepter que l’autre soit sa créature et ait une valeur infinie à Ses yeux. Quant à savoir ce que dans la pratique quotidienne des relations à autrui et à soi-même cela signifie précisément, il n’y a, à mon sens, pas de recette de cuisine à appliquer. Il convient d’examiner chaque situation particulière avec ce mot d’ordre à l’esprit : « Aimer son prochain comme soi-même ».