Pardonner signifie-t-il renoncer à dénoncer un criminel ?

Il y a effectivement là un dilemme. Personnellement je le résous – avec une longue tradition – de la manière suivante. Le pardon est d’abord une attitude intérieure qui s’oppose au besoin de se venger, de faire payer le coupable, de mettre en œuvre la loi qui dit « œil pour œil, dent pour dent ». Cela dit, pardonner ne signifie absolument pas renoncer à protéger la société du mal qui constamment la menace, l’homme étant pécheur. Pardonner à un violeur ne signifie pas le laisser violer d’autres femmes, mais le dénoncer pour que la société l’empêche de poursuivre dans cette voie. Mais pardonner va plus loin que cela : cela peut signifier comme pour cet employeur que j’ai eu connu et qui avait été volé par un intérimaire, le dénoncer puis aller le visiter en prison et s’occuper de lui à sa sortie au point même de lui donner du travail pendant un certain temps jusqu’à ce qu’il retrouve une autre place ! L’inconvénient, c’est que la dénonciation du coupable à ceux qui mettent la loi en œuvre est ambiguë parce que la loi est ambiguë. Le coupable aura automatiquement tendance à penser qu’on le dénonce pour se venger. Il convient donc de trouver un moyen de lui faire comprendre qu’on lui a vraiment pardonné, mais qu’il serait irresponsable face à d’autres humains de le laisser poursuivre impunément ses méfaits.