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Quelques questions sur Tersteegen

vince13 02.12.2010 Thème : Spiritualité et prière Bookmark and Share
Réponse de : Michel CornuzMichel Cornuz

Bonjour,

 Vous semblez être un lecteur attentif des "traités spirituels" de Tersteegen, livre qui peut paraître parfois difficile, à cause de la distance historique de l'auteur, mais qui révèle une spiritualité profondément biblique et mystique. Je ne peux guère être très objectif, puisque j'ai traduit ces textes et les ai publiés chez labor et fides par désir de faire connaître cette spiritualité qui me semble équilibrée et répondre aux besoins de notre temps..

Sur vos questions : Je crois en effet que le thème de l'attention (je ne comprends pas très bien l'idée de "neutralisation de l'attention"... ) est très liée à la notion de silence extérieur,  qui provoque un silence intérieur... Chez Tersteggen (notamment dans son fameux cantique "Dieu est présent" qui présente sa conception de la prière de simple présence à la Présence divine) le silence est la conséquence de la Présence de Dieu. Quand Dieu se rend présent, tout en nous fait silence pour que nous puissions devenir réceptifs à cette Présence et à ce que Dieu veut nous communiquer... Si nous commençons à penser, à agir, à vouloir, etc... nous nous plaçons en avant et nous risquons de projeter sur Dieu nos idéaux, le silence (comme l'attention) est cessation de nos activités (y compris de pensée) pour laisser Dieu agir comme il le désire...

La souffrance : C'est toujours un thème difficile avec les auteurs spirituels des siècles avant nous, car on a tendance à y lire une sorte de dolorisme que l'on trouve de nos jours malsains à juste titre... Chercher la souffrance pour la souffrance en croyant que cela plaît à Dieu donne une image d'un Dieu pervers qui se réjouit de la souffrance de ses fidèles et d'une spiritualité morbide! Chez Tersteegen, il peut y avoir cet excès, mais le plus souvent quand il parle de la souffrance ou des "croix" selon son vocabulaire, c'est pour affirmer non pas que Dieu en est l'origine, mais que l'homme dans sa souffrance peut trouver consolation et refuge en Dieu... L'idée est que la souffrance fait comme une brêche en nous, dans notre auto-suffisance, et cette brêche permet alors de fonder notre vie sur Dieu qui "seul suffit"... Tersteegen reprend souvent la notion d'esprit "brisé" dont Dieu se rend proche (Psaume 51).. Je crois qu'on peut tous faire l'expérience de cela dans nos heures de souffrance où tout semble s'effondrer et où l'on ne peut que compter sur l'infinie tendresse divine. Le problème dans ce type de théologie vient quand on place Dieu à l'origine de la souffrance pour nous mater ou nous éduquer (ce que fait Tersteegen parfois....)

Pour Francine Carillo, je suis pleinement d'accord avec vous sur la qualité spirituelle de ses livres, qui sont des aides très grandes pour prier, méditer et nous approcher du Christ. Elle évite les pièges de la piété morbide (notamment quand elle aborde les thèmes liés à la souffrance) et nous présente ce qui est au coeur de l'évangile, un Dieu qui en Jésus Christ entre profondément dans la souffrance humaine pour nous aider à la traverser et à la surmonter...

Bonnes lectures, en très grande affinité spiriuelle.


Commentaires

  • florence06.12.2010
    Merci à Monsieur le Pasteur Cornuz pour son analyse très intéressante. J'aimais aussi beaucoup l'attitude de l'ancien curé de ma paroisse. Il était incapable de parler de la souffrance, cela le dépassait complètement. La seule chose qu'il en disait c'est qu'il fallait la combattre.