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Le suicide

Sereinité 11.10.2012 Thème : Éthique: choix, responsabilité, liberté et morale Bookmark and Share
Réponse de : Didier HalterDidier Halter
Lorsque je lis la Bible, j'y découvre que la vie est le résultat d'un acte créateur de Dieu. Mais cet acte est à la fois un don (une donnée, un existant "déjà là") et une promesse (un projet, un accomplissement en devenir). La création n'est donc pas simplement une référence à un passé (Dieu a créée la vie); mais elle est aussi une réalité présente (Dieu maintient sa création en relation avec l'être humain)  et une réalité tournée vers l'avenir (Dieu continue à créer chaque jour, demain comme aujourd'hui).
Lorsque je lis la Bible, j'y découvre que l'aspect biologique de la vie n'est qu'une des facettes de la vie. Il y en une autre qui relève de la relation.  Vivre, ce n'est pas simplement le fait que sa biologie fonctionne, mais c'est aussi (et peut-être surtout) une fonction relationnelle.  Qu'est ce qui fait que je suis vivant ? le fonctionnement de mes cellules ou le fait que je sois en relation avec d'autres vivants ?
La question qui se pose à l'être humain dès lors est la suivante: va-t-il accepter la vie qui lui est donnée ?
Bien sûr, pour ce qui concerne la vie dans sa dimension biologique, nous n'avons  pas le choix au départ. Personne n'a choisi de vivre. Chacun de nous est venu au monde sans qu'on lui demande son avis.  Pourtant notre vie durant, nous devons choisir d'accepter ce cadeau. Il nous faut choisir la vie selon la belle expression d'Albert Schweitzer. La choisir dans sa dimension biologique, mais aussi dans sa dimension relationnelle que ce soit vis à vis des autres humains que vis à vis de Dieu .
Le suicide est dès lors une manière de choisir. Il se situe clairement  dans une perspective de refus de l'offre de Dieu. En tant que tel, il ne saurait jamais être banalisé. Il constitue bel et bien une rupture d'avec le projet de Dieu et peut à ce titre être qualifié de péché (merci de lire aussi une de mes précédentes réponses intitulées "le péché ou les péchés").
Ceci étant posé, il faut se poser la question: si un être humain choisit le suicide et entre ainsi en rupture avec Dieu, Dieu lui  rompt il pour autant ? Autrement dit, une personne qui s'est suicidée est-elle condamnée par Dieu ?  
Là aussi, il faut nous tourner vers la Bible qui ne cesse de remettre à Dieu toute question concernant un jugement final.  Il n'appartient à aucune instance humaine, fut-elle la plus pieuse, de juger à la place de Dieu.  La question demeure donc ouverte. Pour ma part, je veux faire confiance à la grâce de Dieu, à l'immensité de son amour pour chaque être humain, même si elle choisit le suicide.
Lors que je me trouve devant une personne qui envisage le suicide, je suis témoin du projet de Dieu, témoin du cadeau de Dieu, témoin de la possibilité toujours offerte de donner du sens à sa vie en restant en relation vivante avec Dieu, témoin de la grâce.  Mais parfois, il faut aussi que je reconnaisse mon impuissance et mes limites. Si je suis responsable de ma foi devant les autres, je ne suis pas responsable de la foi des autres. Cette attitude m'a conduit à me résigner devant un acte de suicide que je ne pouvais empêcher et à remettre la personne à la grâce de Dieu dans la prière: ultime témoignage de ma confiance en Dieu créateur de toute vie.
Quant à la question de savoir si Dieu exaucerait le souhait de quelqu'un qui désirerait mourir, je ne suis pas Dieu et il m'est difficile d'y répondre. Pourtant, il me semble qu'il faille répondre par la négative.  Mais avec Dieu, on se sait jamais, on ne peut que choisir de faire confiance.


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