Mythes et histoire(s) dans la Bible: quelles relations?
Bonjour,
Au cours de recherche au sujet de la religion, je suis tombé sur un site réformé,
(Eglise réformée d'Auteuil) qui laisse en ligne des extraits de conférences.
Il y en un, qui a retenu plus particulièrement mon attention: http://www.erf-auteuil.org/conferences/dieu-est-il-violent.html
Dans ce texte il est question de la violence, et surtout de la violence que
l'on rencontre dans la bible à travers deux exemples, celui de Caïn et Abel,
puis la conquête du pays de cannaan par Josué.
L'auteur s'attache à montrer que la violence exprimée dans le texte biblique
est simplement celle qui s'exprime en chacun de nous, est qu'elle est posée
là sous forme de mythe.
Manisfestement l'église réformée accepte que la bible et notamment l'ancien
testament exprime les questions de la vie sous forme de mythes, et a probablement
une valeur plus symbolique que historique. Il est notable que l'auteur cite
l'ouvrage d'Israël Finkelstein, La bible Dévoilée Ÿ, duquel il dit que ses propositions
sont tout à fait acceptables, alors que beaucoup de personnalité du Judaïsme
et du christianisme, j'imagine parmi les plus fondamentalistes Ÿ, crient à
l'imposture.
Je trouve cette position plutôt louable, cependant je me pose la question suivante:
Dès lors qu'il n'est pas exclu que l'ancien testament soit une mythologie comme
une autre, n'est-il pas envisageable, qu'il n'en soit pas autrement du nouveau
testament.
Laissons de côté la stricte historicité de Jésus, et prenons comme acquis que
ce personnage ait été de ce monde, et voyons quelle est sa substance telle que
relatée dans les évangiles synoptiques.
Il me semble que Jésus fonctionne plus de manière symbolique que réellement
humaine. Ses faits et gestes sont autant de discours symboliques que ses paroles.
Ce Jésus n'est qu'enseignement, il est épuré de toute humanité, ou plutôt des
aspect considérés comme sales Ÿ de l'humanité, les chaînes de la chair Ÿ.
Ne peut-on pas considérer, à partir de là, que le mythe de Jésus est plus important
que l'éventuel personnage historique qui lui aurait donné naissance?
N'est-il pas possible pour Jésus, d'avoir une démarche analogue à celle qui
semble être la vôtre en ce qui concerne l'AT (du moins, genèse, deutéronome,
exode et juges).
Et partant de ce principe, quelle serait la différence entre un tel christianisme
et un déisme?
Vos remarques sont tout à fait passionnantes. Il est exact qu'il y a des mythes
et des légendes dans la Bible. Je pense au récits de la Création, aux sagas
des patriarches, etc. Il est certain que les narrateurs bibliques n'ont pas
du tout notre conception de l'histoire comme fait (plus ou moins) vérifiable. L'équation:
historicité=vérité leur est inconnue et probablement incompréhensible. Il n'empêche
que les auteurs bibliques, de l'Ancien comme du Nouveau Testament, ont un projet
historien. Je veux dire par là, qu'ils racontent le passé de leur peuple ou l'histoire
de Jésus à partir des traditions recueillies et à la lumière de leurs problèmes
contemporains. D'une certaine manière, l'historien scientifique moderne fait
la même chose: il relit le passé à la lumière des questions qui se posent aujourd'hui;
mais il cherchera à vérifier la factualité des événements qu'il raconte. Alors
que l'écrivain biblique ne cherchera pas la factualité des événements. Il considérera
que l'autorité des Anciens et l'ancienneté d'une tradition sont plus importantes
que les faits. Car le sens pour lui, vient de la rencontre entre les événements
et la foi.
On peut dire à propos de l'histoire dans la Bible: on ne peut pas retracer les
événements avec certitude à partir des récits, mais si on se place à l'époque
de la rédaction finale de la plupart des textes de l'Ancien Testament, à savoir
l'Exil ou après, on comprend que les exilés relisent les traditions à partir
de leurs questions. Ils nous livrent des traditions qui ont une immense valeur
historique parce qu'elles nous parlent beaucoup de leurs rédacteurs. Mais il
ne s'agit pas d'un livre d'histoire au sens moderne. Mais d'histoireS racontant
le passé à la lumière du présent.
A propos de Jésus. Historiquement, on peut difficilement douter de son existence.
Mais ce que les récits des Evangiles nous narrent, c'est comment les premiers
chrétiens ont relu la vie de Jésus et l'Ancien Testament en écho l'un de l'autre
à la lumière de ce vécu qu'est le tombeau vide et la conviction que celui qu'on
avait crucifié est vivant.
En ce sens, ma foi est bien fondée sur l'événement de l'existence historique
de Jésus, mais pas sur l'historicité des récits. Je peux croire le sens d'un
miracle, et le vivre comme vrai, sans penser que cela s'est réellement passé
ainsi. Je peux seulement me demander quel événement a abouti à cette tradition porteuse
de sens et de vérité.
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