Est-ce que je dois toujours pardonner ?
je persiste et signe ! D'abord, on ne DOIT pas pardonner : le pardon est quelque
chose que l'on ne peut qu'offrir, après un long processus, à une personne qui
nous a blessé.
Ce processus compte plusieurs étapes. Il faut d'abord identifier la blessure
en soi-même, se rendre compte qu'une colère ou qu'une amertume envers quelqu'un
vient de quelque chose que cette personne a commis envers nous. Ensuite, il
faut pouvoir se mettre en colère, contre l'injustice et la douleur dont nous sommes
victimes. Je pense que tant que l'on a pas réussi à exprimer cette colère, à
dire de manière claire (à la personne en cause ou à une tierce personne) : "cette
personne m'a fait du mal, je souffre, et je lui en veux pour cela", on ne peut pas
pardonner.
Je pense qu'il est faux, et même dangereux, de dire à quelqu'un : "pardonne
et ta douleur sera guérie". C'est un peu comme si l'on cherchait à refermer
un abcès sans l'avoir nettoyé et désinfecté : or, pour cela, il faut aller au
fond de la blessure, il faut gratter, laver, enlever le pus, et cela peut faire
assez mal. Mais si on referme l'abcès avant, il va se rouvrir tôt ou tard, en
faisant encore plus de dégâts.
Quant à dire que Dieu ne pardonnera pas si nous ne pardonnons pas, non seulement
je ne suis pas d'accord, mais cela me scandalise que l'on ait pu vous dire une
chose pareille ! Dieu nous a pardonné avant même que nous ayions fait le moindre
geste envers lui. C'est là le coeur du message de l'Evangile : Dieu nous pardonne
en Jésus-Christ, qui que nous soyions et quoi que nous ayions fait. C'est vrai
qu'il nous engage à faire de même, et c'est là le sens de la demande du Notre
Père que vous citez : pardonne-nous, et alors, nous pourrons nous aussi pardonner. C'est
donc justement PARCE QUE nous sommes pardonnés que nous pouvons pardonner à
notre tour... une fois notre blessure nettoyée, désinfectée, une fois notre
colère exprimée.
Le pardon intervient alors comme la dernière étape du processus. Si j'ai pu
me reconnaître comme quelqu'un de blessé, si j'ai pu dire ma colère et ma douleur,
alors seulement, je peux commencer à ressentir le besoin d'aller plus loin,
de lâcher prise, en remplaçant la rancune par de l'amour. Et là, je dirais :
non seulement on ne DOIT pas pardonner, mais on ne peut pas non plus TOUJOURS
pardonner. Dans certains cas, le processus que j'ai décrit peut aboutir à une
réconciliation, à une reprise de la relation. Dans d'autres, non : si la personne
à qui nous offrons notre pardon ne le saisit pas, la relation restera rompue,
et nous ne pourrons rien y changer.
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