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Avons-nous le droit de juger ?

12.11.2003 Thème : Éthique: choix, responsabilité, liberté et morale Bookmark and Share
Réponse de : Michel CornuzMichel Cornuz
Je vous prie d'excuser le retard avec lequel je réponds à votre question ...
J'ai vu récemment un film de Stacy Title qui s'appelle "L'ultime souper" (1995);
une des questions qui y revient souvent est celle-ci: si vous vous trouviez
en face d'Hitler, connaissant son histoire mais à une époque où il n'avait encore
rien fait, que feriez-vous ?
Je vous laisserai regarder le film, si vous en avez envie, mais le sujet pose
plusieurs questions conjointes:
- celle de la connaissance et des limites de la connaissance
- celle de l'espérance placée notamment en l'homme
- celle de la foi (en Dieu donc)
Il faut revenir à la raison biblique principale pour laquelle le meurtre ou
le suicide est chose interdite: c'est que la vie est un don de Dieu. Et quand
la Bible dit, la vie, elle ne parle pas seulement de l'existence physique d'une
personne, mais aussi de tout le cadre de vie, elle parle de la création dans
son entier.
Autrement dit, la vie est quelque chose qui me dépasse, moi être humain aux
perceptions limitées: comment pourrais-je alors juger bien les situations qui
se présentent à mes yeux ?
Certainement le Seigneur m'a doté de conscience et de capacité de comprendre
et de me protéger de ce qui me semble contraire à la volonté de mon créateur;
mieux que cela, le Seigneur m'a donné ces outils afin que, en esprit de communauté,
j'avertisse, j'instruise et j'édifie les autres, de la même manière que je dois
avoir l'humilité d'écouter les conseils que d'autres m'adressent, mais non pour
juger, condamner, même pour le motif "altruiste" (mais ne serait-il pas égoïste ?)
de protéger la vie.
Si, face à Hitler, je le tuais, qui me dit que quelqu'un d'autre ne prendrait
pas son rôle ? ... un rôle pire encore que celui pourtant tristement célèbre
de cet homme ?
De même le suicide résout-il vraiment les problèmes qu'une personne veut s'éviter
de devoir affronter ?
Voilà un point de départ à une réflexion sur la question de la connaissance
et de ses limites.
Mais une des limites de la connaissance est liée à l'avenir: je ne connais pas
l'avenir; et si je connais l'avenir, qu'il est vraiment terrible, et que je
m'y résous, alors c'est que je ne connais pas les capacités de l'être humain
(grâce à Dieu) à changer les choses: Si je me résous à ce que je sais, ou crois savoir,
c'est que je doute de mes capacités de croyant à faire en sorte que ce soit
quelque chose de mieux qui triomphe et non le moins bon.
Si je tue quelqu'un c'est que, quelque part, je ne crois pas qu'un changement
soit possible en la personne que je tue, je remets en doute la puissance du
pardon que je peux offrir de la part de Dieu, et la puissance de la résurrection
du Christ qui m'invite à accepter les tribulations du monde, à la suite de ce même
Christ.
Si je tue quelqu'un, c'est donc ma foi en Dieu qui vascille et qui est clairement
mise en défaut: parce que Dieu maîtrise tous les tenants et aboutissants de
ce qui se trame à la surface de la terre; parce que Dieu est celui auquel je
dois remettre la justice, combien même je ne comprends pas et que je trouve injuste
ce qui se passe sur terre.
La vie de croyant, pour terminer ma réponse, se balance sans cesse entre la
foi en Dieu qui maîtrise toute chose, et qui sait que même mes errances vont
aboutir à quelque chose de bien, et la nécessité qu'il m'incombe de faire le
mieux possible devant Lui ... Tuer n'est pas dans le lot des solutions qui sont
les meilleures, de quelque point de vue que je me tourne ...
Sans doute, je ne parle ici que d'un point de vue théologique: je me souviens
avoir rencontré des situations, en éthique économique, où il s'agissait de savoir,
laquelle des solutions était la moins mauvaise ... et il arrivait parfois que
la mort d'un homme fût celle-là ...
De fait c'est ce que l'évangéliste Jean fait clairement dire aux Juifs (Jean
11, 50), et sans doute, dans sa finesse d'esprit, est-ce bien le plan de Dieu
qui se trame dans le complot que les autorités croient monter eux-mêmes contre
Jésus: mieux vaut qu'un homme meure afin que le reste du peuple soit épargné ...
Cet homme, Jésus, est mort sur la croix, et ressuscité par Dieu ... nous n'avons
dès lors plus besoin qu'un seul homme meure désormais, en sacrifice pour les
autres ... nous n'avons pas non plus besoin de tuer qui que ce soit pour que
la justice soit rendue: Dieu rend la justice, il l'a déjà rendue !



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