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Quel sens donner à la mort du Christ ?

17.11.2003 Thème : Jésus Bookmark and Share
Réponse de : Michel CornuzMichel Cornuz
Je crois en Jésus, Fils de Dieu, qui révèle le Père?mais après?je croche ? J'ai
lu quelques réponses données similaires à celles que je vais vous poser, mais
je n'y ai pas trouvé ce que je cherchais vraiment, alors je me lance?. J'ai
beau me donner beaucoup de peine, mais je ne comprends pas le sens de la mort à la
croix de Jésus expliquée comme sacrifice pour nous sauver de nos péchés. Idem
pour la notion de salut, que Jésus a porté tous nos péchés à la croix. Peut-être
parce que le sens de sacrifice n'en a plus pour nous ?
Je crois en Jésus, Fils de Dieu, qui révèle le Père?mais après?je croche ?
Vous crochez... comme moi, pendant des années ! Moi aussi, je n'arrivais pas
à comprendre le sens de la mort du Christ. Ces mots de "sacrifice" ou "pour
nous sauver de nos péchés" ne me parlaient pas non plus...
J'ai fait des études de théologie: beaucoup de cours abordaient la question
de la croix, et puis... rien ! C'était très intéressant, mais je n'y comprenais
pas grand'chose de plus sur cette question!

Jusqu'au jour où je suis tombé par hasard (?) sur un livre qui a bouleversé
ma foi: "Le Royaume caché" d'Eloi Leclerc, un moine franciscain (aux Ed. Desclée
de Brouwer, 1987). Quand il était jeune, Eloi Leclerc a été déporté et a passé
dans les camps de la mort. Rescapé, une seule question a alors traversé sa vie:
"Pourquoi Dieu se tait quand les humains souffrent et meurent ? Quelle espérance
l'Evangile peut-elle encore nous apporter après Auschwitz?"
Avec cette question, Eloi Leclerc relit alors pour nous les pages de l'Evangile.
Depuis le baptême de Jésus jusqu'à sa mort sur la croix. Il nous fait découvrir
que Jésus a passé sa vie a annoncer la tendresse de Dieu pour la terre, une
tendresse inouïe, encore jamais révélée, telle que lui, Jésus, la vivait depuis
son baptême.
Et c'est ce même Jésus qui va connaître l'expérience la plus crucifiante de
l'absence de Dieu: Sur la croix, il va mourir en maudit, comme un exclu de l'alliance
divine. Il va s'écrier: "Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?"
C'est le même cri que poussaient chaque jour tous ceux qui se trouvaient dans
les camps de concentration. C'est le même cri que poussent encore aujourd'hui
des milliers d'hommes et de femmes de part le monde, qui meurent seuls et abandonnés.

Jésus, le fils de Dieu, abandonné... par Dieu !

Mais, en Jésus, c'est Dieu lui-même qui est cloué à la croix ! C'est comme si
ce jour-là Dieu offrait sa présence -paradoxale !- dans le seul lieu où on pensait
qu'il n'était pas: au coeur même du désespoir, dans le pire lieu de perdition
!

Pour moi, c'est là le sens de la croix du Christ: elle révèle que Dieu se donne
à nous justement quand nous croyons qu'il n'est pas là, quand nous nous croyons
abondonnés, quand nous nous sentons maudits, quand tout crie son absence.

Ainsi, la tendresse de Dieu, sa proximité incroyable se donne même -et en premier
lieu- à ceux et celles qui se croient exclus, bannis de partout, et même par
Dieu. Depuis ce vendredi-là, Dieu a offert sa présence à ceux qui étaient dans
les enfers, à ceux qui se croyaient noyés dans le péché, perdus, irrécupérables.
Depuis, il n'y a plus de lieu où Dieu n'est pas. En s'enfonçant dans le silence
de Dieu, Jésus a donné Dieu aux maudits. Le silence a pris une densité infinie:
il est devenu le langage de l'inouï.

Difficile d'en dire plus avec des mots: ils ne peuvent pas être à la mesure
de ce que Dieu nous a donné à ce moment-là, de sa présence au coeur de nos pires
désespoirs.

Ces mots m'ont parlé. Et depuis, le crucifié est au coeur de ma foi. Sa présence
est gravée au plus profond de mon être.


Et vous: est-ce que ces lignes vous parlent ?



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