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Comment interpréter la scène de la rencontre de Pierre et Corneille?

Chaya 18.12.2007 Thème : Bible: ce que disent les textes Bookmark and Share
Réponse de : Michel CornuzMichel Cornuz

Bonjour Chaya,

 Il me semble que le texte auquel vous faites allusion (Actes 10) joue en effet sur deux registres différents: Il y a d'abord la "vision extatique" de Pierre et là la thématique est bien la nourriture pure ou impure ("Tue et mange"), et la relativisation de ces catégories, puis il y a la rencontre proprement dite avec Corneille, et là la thématique de la nourriture est transposée en l'accueil des païens dans l'Eglise car l'Esprit leur est aussi donné. C'est la fin d'une séparation, comme le dira Paul : "Il n'y a plus juifs ni grecs". Certes, ce deuxième axe d'interprétation est certainement le plus important et le plus décisif, mais il ne peut manquer aussi de rejaillir sur la question de la "kashrut", et donc les deux sont liés. La question de l'accueil des païens dans l'Eglise posait en effet le problème suivant : Pour être chrétien, le païen devait-il aussi passer par le judaïsme et suivre la Loi juive? C'est l'enjeu de la question de la circoncision. Si un païen devait se faire circoncire pour pouvoir recevoir le baptême, alors il devait aussi suivre tous les commandements de la religion juive. En optant pour la non-circoncision des païens, l'Eglise primitive a en quelque sorte délier les païens de l'obligation de la loi juive, et s'est par là-même aussi séparer du judaïsme.

Vous avez raison, lors du Concile de Jérusalem, il y a une question alimentaire (le fameux "s'abstenir du sang") en référence à l'Alliance avec Noé, et certainement que cette clause a été respectée par les païens dans l'Eglise. L'idée est que le sang contient la vie, quasiment l'"âme", de l'animal : manger son sang reviendrait donc à manger l'animal "vivant": du reste, c'est ainsi que les juifs ont compris au Moyen Age l'alliance noachique : pour les rabbins, cela n'implique pas que tous doivent suivre les rites d'abattage légaux (la kashrut), mais de s'abstenir de manger un membre d'un animal vivant!

Il semble que dans l'Eglise primitive, les chrétiens d'origine juive continuaient à suivre les "tabous alimentaires" en vigueur, alors que les croyants d'origine païenne ne se sentaient pas concernés par ces prescriptions. Le problème qui pouvait se poser était celui de la "communion de table" entre judéo-chrétiens et pagano-chrétiens (cf. les polémiques au début de l'épître aux Galates). On pourrait dire que c'est à cette question que répond aussi de manière narrative notre récit des Actes dans le sens de la primauté de l'inclusion et de la communion sur toute catégorie d'exclusion au nom de lois rituelles.



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