Que penser du syncrétisme religieux à la mode aujourd'hui ?

       On ne peut bien entendu pas interdire à qui que ce soit de faire les choix et les amalgames qu'il désire. Cela dit, le principal problème sous-jacent à la question du syncrétisme religieux est celui de la cohérence. Je n'entends pas ici seulement la cohérence intellectuelle, mais surtout ce que l'on peut appeler la cohérence existentielle. Quand il y a conflit entre certains de nos choix, il y a angoisse et bien souvent, en réponse à cette angoisse, attitude désespérée ou inauthentique.

       Le problème avec les grandes religions, c'est qu'elles défendent des compréhensions de la vie qui possèdent chacune une certaine cohérence, mais qui sont incompatibles les unes avec les autres (sauf peut-être tout au fond le judaïsme et l'islam). On ne peut ainsi être simultanément bouddhiste et chrétien sans être amené à vivre d'insupportables tensions : le bouddhisme invite, en effet, à nier l'importance d'un Dieu personnel tout comme tout attachement à soi-même (et à autrui et au monde « créé ») ce que par contre défend le christianisme. On peut certes envisager des synthèses sur des points particuliers, mais quand on cherche à vivre dans sa pleine cohérence une compréhension de soi religieuse, les incompatibilités apparaissent.

       Ce que font bien souvent nos contemporains syncrétistes consiste à juxtaposer ce qui, sur le moment, leur plaît dans telle religion et dans telles autres, sans aucune recherche de cohérence. Mais peut-on longtemps surfer ainsi sur le religieux ? Les exigences de cohérence existentielles ne viennent-elles pas assez rapidement exiger des choix entre accentuations incompatibles proposées par les diverses religions ?