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Dieu peut-il être à l'origine du mal?

No 15.06.2015 Thème : Foi: que croire et comment ? Bookmark and Share
Réponse de : Matthias WirzMatthias Wirz

Merci pour votre longue question argumentée. Vous me permettrez de répondre de manière un peu plus sommaire... Il est dans la foi des choses qui ne s’argumentent pas comme en politique, mais qu’il s’agit de vivre de l’intérieur, dans le dialogue intime (la prière) avec le Tout-Autre, qui est aussi le Tout-Aimant. C’est alors seulement qu’on se met à entrer dans une compréhension, qui ne reste jamais purement extérieure et intellectuelle. Comme l’écrivait François Mauriac, dans son Bloc-notes : « Dieu n’est pas un concept, il est quelqu’un ! »

Car voilà, je crois, le cœur de la réponse à vos questions : la tout-puissance de Dieu n’est que celle de l’amour. C’est dans l’amour que Dieu est tout-puissant. Oui, Dieu ne peut qu’aimer : il ne peut donc jamais être à l’origine du mal, quel qu’il soit ! Et sa toute-puissance n’est pas de l’ordre de la violence, qui terrasserait le mal : seul son amour peut, s’il est accueilli dans la gratuité et librement, vaincre le mal par le bien (toujours vulnérable) qu’il produit.

Plus que de péché originel (ou de mal originel, comme vous dites), il faut comprendre le mal comme cette réalité profonde qui se trouve blottie à notre porte, tentant de nous séduire, et que nous sommes appelés à dominer (voir Genèse 4,7) : le mal nous habite, et nous devons lutter contre. Nous ne le subissions donc pas en raison de la faute d’un aïeul désobéissant, il n’est pas la conséquence ou la répercussion d’un acte passé sur les générations suivantes : c’est nous qui sommes responsables de nous-mêmes et de nos actes.

Mais alors pourquoi connaissons-nous le mal ? C’est un « mystère d’iniquité », comme le définit l’apôtre Paul (2 Thessaloniciens 2,7). Banalement, on pourrait dire que sans le mal, on ne connaîtrait pas le bien, et notre liberté serait un leurre. Plus profondément, il s’agit de reconnaître que cette force est à l’œuvre, en discernant également qu’elle ne provient pas de Celui qui, je le répète, ne peut qu’aimer. Et qui, pour cette raison, va jusqu’à subir le mal et le porter avec nous.

Pour comprendre que Dieu a porté le mal, et jusqu’à quel point va son amour et sa solidarité avec nous, il faut contempler la croix : Dieu a accepté en son Fils de mourir librement et par amour, en raison du mal qui se déchaînait contre lui, dans les souffrances atroces et l’humiliante condamnation de la croix.

Voilà bien la singularité, la spécificité de la foi chrétienne que d’avoir au centre de son message le Seigneur crucifié, et de reconnaître dans la crucifixion de Jésus de Nazareth le récit qui manifeste avec le plus d’éloquence qui est Dieu. La croix, oui, la croix est le signe, le récit de la solidarité absolue de Dieu, en Jésus, avec les pécheurs, de son abaissement jusqu’à la condition de l’esclave humilié. De cette manière, tous les hommes qui connaissent cette situation de souffrance et de honte, de malédiction et d’anéantissement, d’impuissance face au mal, peuvent trouver Jésus à leur côté.

Oui, la réalité de toute croix est une énigme, que Jésus fait devenir mystère : dans un monde injuste, le juste ne peut qu’être rejeté, persécuté, condamné. C’est une nécessité ! Et Jésus, précisément parce qu’il a voulu « rester juste », solidaire avec les victimes du mal, a dû connaître ce choc de l’injustice du monde contre lui et le porter avec nous, pour nous.



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