Fin du monde (suite) : un moment où le mal n'existera plus ?

Je pense que votre trouble au sujet de la fin du monde est dû à une confusion
entre deux niveaux : le niveau du temps et le niveau de la foi. La foi est hors
du temps, Dieu et le Christ sont hors du temps. Le problème, c'est que lorsqu'on
parle de Jésus, on ne peut le faire que dans nos catégories humaines, et on
est obligé de le situer dans le temps : il est venu, il est là, il reviendra.
Mais au niveau de la foi, il ne s'agit pas d'un temps passé, présent, futur.
Le Christ est là, et dire qu'il reviendra, c'est dire qu'il sera toujours là. Il y a
une expression familière qui peut nous aider à comprendre. Lorsqu'on dit : "tu
vas te taire, à la fin !", cela veut dire : "ça suffit !" "A la fin", ici, ne
fait pas allusion à une fin temporelle de quelque chose, mais cela veut dire :
finalement, enfin, au bout du compte... Dire : Christ revient, à la fin ! c'est
un peu pareil : il est là, il n'a jamais cessé et ne cessera jamais d'être là !

Votre souci, c'est qu'arrive enfin un moment, temporel, où le mal n'existera
plus, où il sera vaincu. C'est vrai que cette idée peut nous permettre de tenir
dans ce monde, en attendant un monde meilleur. Mais ce que je trouve très beau
dans la réponse de Gabriel Bader, c'est justement l'idée que ce que nous attendons
est en fait déjà là. C'est maintenant qu'il faut attendre ce monde meilleur,
c'est ici même ! Ce monde meilleur, il s'agit de l'attendre activement, de le
promouvoir, de faire en sorte qu'il arrive; c'est tout autre chose que d'attendre
les bras croisés que les choses aillent mieux. Espérer un monde sans mal, c'est
se lever et agir, aux côtés du Christ, pour que le mal recule dans notre monde.

Quant à savoir si un jour, le mal sera vraiment vaincu, cela ne nous appartient
pas. C'est notre espérance, mais c'est une espérance qui se situe hors du temps
humain. Si cela arrivera, et quand, et comment, je ne peux pas le dire. Par
contre, ce que je peux dire, c'est que Dieu veut cela, et que moi aussi, et vous
aussi, nous le voulons, à la fin ! Si nous crions : "Cela suffit ! Que ce mal
cesse, à la fin !", c'est que nous avons décidé d'engager nos vies dans ce combat,
aux côtés du Christ; et c'est donc que le Christ est déjà en train de revenir.