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Pourquoi présenter l'enfer comme un état de souffrance perpétuel ?

18.12.2003 Thème : Vie, mort et après Bookmark and Share
Réponse de : Jacques KÜNGJacques KÜNG
L'envie de savoir comment cela se passe de "l'autre côté" est certainement plus
ancienne que le christianisme; et ces questions semblent demeurer importantes,
puisqu'elles sont nombreuses à être posées sur ce site.
Les réponses proposées s'inscrivent dans la même perspective : aveu d'une ignorance
(nous ne sommes pas dans le registre de la preuve ni de la définition infaillible)et
invitation à la confiance (nous croyons en un Dieu d'amour et non de peur).
Mais le discours des croyants n'a pas toujours été celui-ci.
Dans ce que les chrétiens appellent l'Ancien Testament, on remarque que les
croyants s'intéressent surtout et quasi exclusivement à la terre et à la vie
qui s'y déroule. L'au-delà n'y joue qu'un rôle mineur, quasi inexistant (pour
en découvrir plus, je vous recommande un ouvrage de Robert Martin-Achard : La
mort en face selon la Bilbe hébraïque, Labor et Fides, 1988).
Puis vint un temps, vers le 2e siècle avant Jésus-Christ, où - en dialogue avec
d'autres traditions religieuses - on se mit à croire qu'au-delà de la mort,
Dieu peut encore intervenir en faveur des justes et leur donner son approbation.
Ce fut une manière d'affronter la difficile question des justes qui meurt en martyrs.
En contrepartie, des descriptions de "châtiments éternels" furent aussi utilisées :
non pour décrire ce qui se passe dans l'au-delà, mais pour inviter à réfléchir
à notre manière de vivre ici-bas.
A partir de là, quantité de dérapages deviennent possibles, et les chrétiens
n'ont pas toujours su les éviter : combien d'appels à la conversion ont été
motivés par la peur de cet au-delà fait de souffrances perpétuelles ? Ce "chantage"
a pu exister aussi pour asseoir un pouvoir sur des personnes fragiles et menacées.
C'est en s'éloignant de l'Evangile que l'Eglise a utiliser ce type d'argumentation
fondée sur la peur et la menace ; il n'y a là rien de spécifiquement chrétien.
L'Evangile n'est pas une menace, mais un appel à la confiance et à la responsabilité :
Dieu ne se donne pas à connaïtre comme le comptable de nos bonnes ou mauvaises
actions, mais comme celui qui est capable d'élargir un espace de vie devant
toute créature, et ceci jusqu'au-delà de la mort.
Cette conviction m'éloigne de toute peur et me rapproche d'un combat pour la
justice et pour la paix.



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