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Le jeûne n'est-il pas recommandé par quelques textes ?

13.05.2005 Thème : Spiritualité et prière Bookmark and Share
Réponse de : Jean-Denis KraegeJean-Denis Kraege

meilleures salutations,
Philippe
Cher Philippe,
J'espérais qu'un autre répondant prenne le clavier pour vous donner son avis.
Comme ce ne semble pas être le cas, je m'y mets!
Je reprendrai les 4 textes que vous proposez au débat. Certes Jésus jeûne (avec
son peuple) pendant 40 jours (40 ans) dans le désert. Mais les trois textes
qui nous parlent de Jésus au désert ne nous disent pas que Jésus serait là un
exemple à suivre et qu'il nous faille à notre tour jeûner. C'est plutôt le lien
avec la destinée passée du peuple juif qui est souligné ici.
Le verset 21 de Mt 17 ne se trouve pas dans de nombreux manuscrits. C'est là
quelque chose d'intéressant. Cela dénote le débat sur le jeûne qui très probablement
habita les premières Eglises. On ne va pas bâtir une discipline chrétienne sur
un seul verset largement contesté dans les traditions des premières Eglises!
En Ac 13,2-3 ainsi qu'en 14,23 on s'aperçoit que la pratique du jeûne existait
bel et bien dans certaines communautés du christianimse primitif. Mais cela
ne signifie pas encore que cela soit recommandé pour tous les chrétiens. Ou
bien interdisez-vous toujours aux femmes de prendre la parole dans l'Eglise, de
se couper les cheveux etc.? Aussi longtemps que nous n'avons pas une recommandation
formelle de jeûner et que nous ne pouvons pas la fonder dans ce que Jésus est
venu nous dire de la part de Dieu, une pratique de l'Eglise ancienne ne peut pas
remettre en question ce qu'affirme Jésus en Mc 2,18ss.
A propos de II Cor 11,27, je ne vois pas où Paul dirait qu'il "s'exposa volontairement
au jeûne". Il parle dans ce passage de toutes les souffrances qu'il a endurées
(à la différence de ses contestataires à Corinthe). Il lie le jeûne à la faim
et à la soif comme pour les redoubler ainsi qu'au froid et au dénuement qui ne
sont pas des conditions que l'on crée volontairement, que l'on pourrait rechercher
comme ce pourrait être le cas pour le jeûne. Il parle, me semble-t-il,simplement
de toutes les occasions où il a eu faim. Il en va de même dans la liste assez semblable
de II Cor 6,5. Mais une fois encore, même si Paul avait jeûné, serait-ce une
raison suffisante pour l'instituer en discipline de la vie chrétienne en général ?
Je vous signale pourtant un passage qui lui irait bien davantage que tous les
précédents dans votre sens. Il s'agit de Mt 6,16-18. Ici Jésus ne conteste pas
le fait que l'on jeûne. Mais il ne le recommande pas non plus comme quelque
chose d'indispensable à une vie accomplie. Il s'intéresse - si l'on jeûne -
à l'attitude que l'on doit avoir. Il s'agit d'une attitude qui glorifie Dieu
et qui ne cherche pas l'approbation de son entourage. Il doit s'agir d'une attitude
non extérieure et donc hypocrite, mais intérieure et donc devant Dieu.



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