Dieu aime-t-il nous voir tristes ?

>L'épître de Jacques dénonce en son 4e chapitre les "plaisirs qui combattent
dans votre corps" (v.1). En découlent querelles et conflits. Tout cela est dû
au fait que les interlocuteurs de Jacques ne sont pas "soumis à Dieu". C'est
dans ce contexte que l'auteur invite ceux à qui il s'adresse à reconnaître leur
misère (celle de celui qui exige constamment, qui veut tout posséder, à qui
tout est dû). En reconnaissant sa misère, le croyant pleure sur lui-même. Ce
qui le faisait rire, ce qui était sa joie (probablement le fait de possèder) doit
devenir deuil, tristesse. Il doit donc s'abaisser non pas en soi, mais "devant
le Seigneur" et le Seigneur lui donnera une vie digne, accomplie, authentique
(élevée).

Jacques ne donne donc pas une consigne pour tous nos rires et toutes nos joies.
Il invite à faire le deuil de ce qui nous coupe de Dieu (péché), de ce qui est
faux dans notre manière de comprendre notre vie. On connaît de très nombreux
autres textes dans la Bible où Dieu n'a qu'un désir: nous voir heureux (Bienheureux
ceux qui...). Celui-ci aussi! Dieu n'a pour but que de nous élever. Pour ce
faire, il est indispensable que nous renoncions à ce qui est notre manière ancienne
d'être. Tant que nous y sommes agrippés, nous ne pouvons pas nous laisser élever.

Dans la deuxième aux Corinthiens (7,8ss.), Paul aborde le même thème. Il y parle
de la tristesse selon Dieu qui produit un changement radical et conduit au salut.
Il l'oppose à la tristesse du monde qui génère des relations mortes entre les
humains, entre les hommes et Dieu, au coeur des hommes... Par ailleurs la mise en
demeure de changer son rire en deuil est un thème très présent dans les Ecritures:
Es 3,16-26; Am 8,10; Ecclésiaste 7,3-4; Lc 6,21-25 etc.