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Le christianisme: une mythologie ?

16.01.2004 Thème : Théologie et Philosophie Bookmark and Share
Réponse de : Jean-Denis KraegeJean-Denis Kraege
Pour répondre à votre question, il faut se mettre d'accord sur ce qu'est un
mythe. Pour moi, il s'agit d'un langage qui, pour exprimer une vérité de vie,
utilise des représentations de réalités qui nous sont complètement extérieures,
se situent dans le "cosmos" et que nous pouvons observer à distance comme si nous
n'étions pas ou que peu concernés.

Prenons l'histoire de Prométhée qui, dans la mythologie grecque, dérobe le feu
aux dieux pour le donner aux homme et finit enchaîné à un rocher. Il s'agit
d'une description de notre condition humaine. Nous sommes enchaînés à ce monde
relatif, incapables d'une juste relation avec le monde de l'absolu. Pourquoi
cette incapacité? parce que nous avons pris, enlevé, dérobé aux dieux un élément
de leur puissance. Le mythe décrit notre condition humaine et cherche à en expliquer
la cause.

On trouve ainsi un langage mythique dans de nombreux passages de la Bible. Lorsqu'elle
représente Dieu au ciel, l'homme sur la terre et qu'on y adjoint parfois les
enfers en sous-sol, on a une représentation mythologique de la distance qui
sépare le créateur de ses créatures (ciel-terre) et de la distance encore plus grande
qui sépare les impies de Dieu. La Bible ne cherche pas en la matière à faire
une description scientifique de la réalité. Elle décrit, avec des mots compréhensibles
pour ses auditeurs directs, une vérité de vie, une vérité existentielle. Lorsqu'elle
parle de la fin du monde, elle veut parler de la fin de ce monde pour nous,
donc de notre mort. Elle affirme aussi que ce monde relatif dans lequel nous
nous trouvons est un monde fini, limité et qu'il n'est donc pas un absolu. Cela
me paraît beaucoup plus intéressant que de prendre la fin des temps pour un
événement dont on pourrait, par quelques élucubrations biblico-mathématiques,
prédire la date (alors que la Bible dit que personne ne la connaît, même pas le
Fils, seul le Père...).

La religion judéo-chrétienne a véhiculé pendant des millénaires des représentations
mythologiques qui étaient compréhensibles comme telles pour ceux à l'intention
de qui elles étaient utilisées. Notre problème, c'est que bien souvent nous
ne comprenons plus ces mythes comme étant des mythes. Ils sont devenus des vérités
quelque peu bizarres qu'il faudrait avaler toutes crues si on veut être chrétien
et qu'il est de bon ton de rejeter énergiquement si on veut être de son temps.
L'effort des Eglises consiste à offrir des traductions pour notre temps de ces vieux
mythes. Il ne s'agit donc nullement de les éliminer, mais de les traduire. Leur
vérité profonde subsiste et doit absolument être entendue. La forme dans laquelle
elle est exprimée doit être changée. C'est ce que l'on appelle la "démythologisation"
en termes techniques.

La démythologisation n'est toutefois pas une invention moderne. Déjà certains
textes de la Bible transposent, traduisent les mythes dans lesquels on s'exprimait
alors. C'est tout particulièrement le cas de l'évangile de Jean qui en arrive
à dire sur le même thème que plus haut de la fin du monde, du jugement dernier
et de la vie après la mort que "celui qui écoute ma parole - c'est Jésus qui
parle - et croit à celui qui m'a envoyé a la vie éternelle et ne vient pas en
jugement, mais il est passé de la mort à la vie" (5,24).

Le christianisme est ainsi en partie exprimé en termes mythologiques, mais devrait
tout faire pour ne plus l'être, pour concerner directement et sans faux scandale
les femmes et les hommes de notre temps.



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