D'où vient le mal?

Je me presse de vous répondre que je ne sais pas d'où vient le mal. Et pourtant
mon ignorance est une réponse. Le mal a toujours interpellé l'homme et on a
construit des savants systèmes philosophiques pour expliquer l'existence du
mal.

Renoncer à une telle explication c'est aussi une attitude philosophique.

Je ne peux pas savoir ce qui dépasse ma condition humaine.
Ce que je sais c'est que le mal existe, qu'il m'opprime, qu'il me blesse.
Ce n'est pas l'ennemi de Dieu, c'est mon ennemi. Il m'opprime quand je le subis,
il me déshumanise quand je le fais.

Il y a des fois que le mal prend une ampleur telle que j'ai l'impression qu'il
n' y a plus que ça, que tout est mal, que tout est absurde.

Dans ces moments je peux me résigner ou crier à Dieu.

De Dieu je ne sais pas grand-chose, non-plus.
Dieu n'est pas à ma portée.
De Dieu je sais seulement ce qu'il m'a été donné de savoir par Jésus-Christ.
C'est la façon dont il se révèle en Jésus-Christ, la seule façon dont je le
connais.

En Jésus-Christ je ne sais pas ni pourquoi Dieu permet le mal, ni d'où le mal
vient.
En Jésus-Christ je sais que même dans le mal suprême de la croix Dieu est présent.
En Jésus-Christ je sais que quand le mal m'accable je ne suis pas seul, Dieu
m'accompagne.

Cela n'abolit pas le mal, mais il lui enlève sa puissance absolue.
Quand je fais l'expérience du mal, je ne suis pas seul, je ne suis pas abandonné,
Dieu est avec moi.

C'est dans ce sens que je comprends la victoire de Jésus sur la croix.
Il ne s'est pas battu contre le mal, il a désarmé le mal en nous montrant que
le mal ne peut pas nous séparer de l'amour de Dieu.