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Faut-il se confesser à un tiers ou directement à Dieu?

danièle billard 03.11.2012 Thème : Foi: que croire et comment ? Bookmark and Share
Réponse de : Elise CairusElise Cairus

Bonjour,

Il est vrai que la pratique individuelle et obligatoire de la confession n’a plus cours dans les Eglises issues de la Réforme. Les Réformateurs l’ont en effet rejetée, disant que le prêtre n’est pas le seul à pouvoir pardonner les péchés au nom de Dieu. Luther met l’accent sur la foi du croyant qui, se plaçant en sa propre conscience devant Dieu avec ses faiblesses et ses mauvaises actions, confesse (avoue) ses péchés à une tierce personne. Cette dernière ne fait alors qu’annoncer le pardon de Dieu, sans pouvoir particulier.

Dans la conception  catholique en effet, seul le prêtre peut donner le pardon de Dieu, ou ne pas le donner, selon la parole biblique que vous citez qui rapporte que Jésus envoie ses apôtres divulguer la Bonne Nouvelle en leur disant que ceux à qui ils remettront leurs péchés, ils leur seront pardonnés, et ceux à qui ils les retiendront, ils leur seront retenus (cf. Jn 20, 23). Nous sommes là dans la théologie des ministères qui aborde la question de la succession apostolique comme « prérequis » pour l’administration des sacrements d’un point de vue catholique.

Calvin, dans son Institution de la religion chrétienne (au livre III), s’oppose à la pratique catholique rendant obligatoire la confession et le fait que seuls les prêtres pouvaient donner - ou non - le pardon des péchés. Par contre, il reconnaît l’intérêt de la confession personnelle et libre, libérant la personne de la culpabilité ou de questionnements l’empêchant d’avancer sereinement. Cette confession peut se faire à n’importe quel autre chrétien (cf. Epître de Jacques 5, 16 : « Confessez-vous donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin d’être guéris. »), mais Calvin considère tout de même qu’un pasteur sera particulièrement apte à recevoir ce type de confidences.

Dans le culte réformé a été maintenue, en principe, la confession du péché au début du culte. Le pasteur parle au nom de toute l’assemblée, la plaçant (en s’y intégrant aussi)  comme pècheresse devant Dieu, admettant ses fautes et ses manquements (en hébreu le mot « pécher » signifie étymologiquement « manquer la cible », c’est-à-dire « ce qui tient à distance », de Dieu et des autres humains). Chacun peut alors s’examiner lui-même en conscience et en vérité. Ensuite, le pasteur prononce les paroles de grâce, ou la « déclaration du pardon » rappelant que « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas mais il obtiendra la vie éternelle » (Jn 3, 16). Ainsi, à celui qui se repent et qui croit (importance de la foi, comme chez Luther), ses péchés lui sont pardonnés. Ces deux moments liturgiques forts rappellent le fameux simul justus ac peccator de Luther : l’humain est à la foi juste (sauvé par la grâce, ou le don de Dieu) et pécheur…

Quoiqu’il en soit, le protestant qui reconnaît l’importance de sa conscience personnelle et de sa réalité de « pécheur », d’homme ou de femme qui a agi de manière incorrecte ou pensé ou dit des choses mauvaises, peut prendre à témoin n’importe lequel de ses frères (ou sœurs) chrétien(ne)s pour se libérer de la culpabilité. En faisant ça, il reconnaît aussi l’importance du pardon gratuit et inconditionnel de Dieu. Notons que la seule différence, en parlant à « n’importe qui », c’est que cette personne n’est pas tenue au secret de fonction comme l’est un prêtre ou un  pasteur. Un prêtre ou un pasteur  ne peut en aucun cas être délié de ce secret, même devant la justice, sauf par la personne elle-même !

Et pour répondre à votre question, non ce n’est pas obligatoire de se confier à une autre personne, Dieu écoute toutes nos prières sincères et nous pardonne. Mais la confession à une tierce personne qui « entend » bien  ce qui nous habite, c’est-à-dire qui l’intègre, l’atteste, le rend « audible », peut se révéler libératrice, tout comme s’entendre dire de la part d’un prêtre ou d’un pasteur que Dieu nous aime tels que nous sommes, pour autant que nous soyons sincères avec Lui, et donc, avec nous-mêmes et les autres.



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