La sodomie entre mâles faisait-elle partie des cultes cananéens ?

Pas à ma connaissance... Ce que l'on trouve dans ces cultes, se sont des pratiques
liées à la fertilité, à la fécondité. Ce sont d'abord les divinités, entre elles,
qui concluent des unions sacrées, permettant ainsi la pluie, la fertilité -
donc la vie. Ces unions entre divinités étaient personnifiées, en quelques sortes,
par des pratiques de prostitution sacrée, c'est vrai - mais je n'ai jamais entendu
parler de ce genre de pratiques entre mâles, par contre.
De toute façon, je pense qu'il ne faut pas trop vite classer tout cela dans
la débauche pure et simple. Il s'agit avant tout, je le redis, de rites liés
à la fertilité - problème vital pour les peuples de l'Antiquité : car fertilité
signifie fécondité, récoltes abondantes, naissance; bref, vie.
Les livres de l'Ancien Testament dénoncent vigoureusement les cultes des peuples
alentours, ainsi que leurs pratiques, c'est vrai. Mais ce qui constitue la plus
grande des "abominations" aux yeux des Israélites en train de construire leur
monothéisme, c'est avant tout le culte à d'autres dieux qu'à Yahwé. Par voie de
conséquence, on condamne également les pratiques liées à ces cultes. Mais c'est
le fait même d'adorer Ishtar, Baal, et je ne sais qui encore, qui pose problème,
bien avant le fait que cette adoration aboutisse sur des pratiques d'unions sacrées
que l'on peut qualifier d'un peu scabreuses ! Il est donc important de rappeler
que ces interdits dont vous parlez ne peuvent être lus comme des lois morales,
que l'on pourrait appliquer à nos vies. Il faut plutôt les lire comme des signaux
d'alarme : attention, lorsque notre vie n'est plus ressourcée en Dieu, c'est
comme si nous avions perdu notre boussole, et nous courrons un grand risque
de nous mettre à faire n'importe quoi, à tomber dans des pratiques qui nous éloignent
de nous-même, de Dieu, des autres. Mais quant au détail de ces pratiques, nous
ne les trouverons pas énumérés dans la Bible de manière cohérente par rapport
à notre contexte de vie.