Y a-t-il y a du bien en Satan et du mal en Dieu ?

Votre remarque suggère qu'il faut se méfier des absolus (tout bien ou tout mal),
et que le vrai est en nuances.
Dans les récits et poèmes transmis dans la Bible, Dieu n'est pas toujours présenté
"en bien" !!! - je veux dire par là que les humains qui dialoguent avec Lui
souffrent parfois de ne pas comprendre ses agissements ou ses non-interventions,
ses propos ou son silence, son absence ou sa présence effrayante... On a ainsi
des dialogues "pas piqués des vers" entre Dieu et Abraham, et Moïse, et Samuel,
sans oublier de nombreux Psaumes... Le livre de Job témoigne d'une tentative
de dialogue désespérée d'un homme qui souffre et n'y comprend rien. Et dans
les rares passages bibliques où il est question de "Satan" (ainsi, par exemple,
le début du livre de Job), celui-ci n'est pas le "mal absolu", mais une sorte
de collaborateur-rapporteur mettant en doute auprès de Dieu les agissements
humains (un peu comme le serpent de la Genèse met en doute auprès des humains
ce que Dieu a indiqué...).
Alors, ni bien ni mal mais entre deux ?? Les prophètes bibliques refusent de
se contenter de ce "centre mou". Ils mettent en garde contre les accommodements,
le fait d'appeler le mal "bien", ou le bien "mal" quand cela nous arrange, ou
plutôt, quand il y a du pouvoir à gagner quitte à ce que d'autres en pâtissent
(cf p. ex. Jérémie 8,11 ou 23,16-17, ou encore Am 6,12).
Ils offrent là une piste même quand on ne comprend pas les subtilités des agissements
de Dieu (et qui le pourrait ?) : en attendant, "choisissez le bien et non le
mal", la justice et non l'injustice, vivez en conséquence. Tout un programme...

Pour revenir à la question que vous soulevez, peut-être qu'il y a deux dangers,
deux extrêmes, qu'il faudrait éviter ? Le premier, c'est d'absolutiser (chercher
à cerner "le bien absolu" ou "le mal absolu" - ce qui est au-delà de nos possibilités !
cf les images "nuancées" de Dieu ou de Satan dont témoignent les récits bibliques).
Et le deuxième, celui contre lequel les prophètes mettent en garde, c'est de
tout confondre, de perdre tout repère entre bien et mal dans ce que nous vivons
concrètement, et nos possibilités d'agir...