Quel sens pouvons-nous donner à la souffrance ?

Excusez-moi d'avoir mis du temps à vous répondre. Votre question est délicate...
À ce propos, connaissez-vous ces vers étonnants, que je cite ci-après ?
"Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
"Comme un divin remède à nos impuretés
"Et comme la meilleure et la plus pure essence
"Qui prépare les forts aux saintes voluptés !"
Ils sont de Charles Baudelaire. Cette strophe exerce une certaine fascination
sur ses lecteurs et ses auditeurs. Elle fait partie d'un poème important des
"Fleurs du Mal", qui évoque la condition du poète. Ce poème évoque de manière
authentique l'expérience de Baudelaire. Ce grand poète était de confession catholique
; nous ne pouvons contester son expérience religieuse, même si elle fut atypique.
Mais voilà, nous ne sommes pas Baudelaire, et son expérience spirituelle n'est
pas forcément la nôtre. Que la souffrance acceptée soit source de rédemption,
c'est possible pour certaines personnes. Mais je me garderais bien d'en faire
une théorie. Nous n'avons pas à faire une philosophie de la vie ! Ce serait trop
risqué !
Pour ma part, je me limiterais à dire que la souffrance peut être assumée chrétiennement,
en précisant bien que je ne prêche ni la résignation ni une attitude stoïque
devant elle. Je dirais que nous pouvons prier, demander à Dieu, à Jésus, à l'Esprit,
qu'il nous aide à supporter la souffrance et, si possible, qu'il y mette rapidement
un terme ! J'ajouterais aussi : nous restons dans le droit de demander de l'aide
à nos médecins, à notre famille, à notre entourage, à notre pasteur, que ce
soit des soins ou un soutien psychologique, moral ou spirituel.
Comme le mal, la souffrance échappe à toute explication d'ordre réducteur. Nous
pouvons lui trouver certains sens, mais ce que nous pouvons trouver vrai pour
nous ne l'est peut-être pas pour autrui. En bref : il ne nous est pas possible
de généraliser ni d'imposer une explication définitive.
Dieu n'aime pas nous voir souffrir. C'est exact. Je me permets d'ajouter : mais,
à travers Jésus, il sait par expérience ce que c'est de souffrir. Par son Esprit,
il nous donne aussi la possibilité et les moyens de parler de notre souffrance
et de la partager.
Bien amicalement.