Pourquoi Dieu tente-t-il et donne-t-il la force de résister à la tentation?

Pourquoi opposer grâce et tentation ? Et si la tentation était une manifestation
de la grâce de Dieu ? Cette formulation paradoxale exige peut-être quelques
éclaircissements ! Si c’est Dieu qui nous soumet à la tentation, on est en droit
de supposer que ce n’est pas de manière gratuite, c’est-à-dire sans raison aucune.
Certes nous ne pouvons pas saisir toutes les raisons de Dieu. Il en est une
que ce qu’il nous a manifesté en Jésus-Christ élimine obligatoirement : c’est
le sadisme. Dieu ne nous soumet pas à la tentation pour le plaisir de nous y soumettre.
Quelles raisons restent alors ? Nombreux sont ceux qui pensent que Dieu veut
nous punir du mal que nous lui avons fait et ne cessons pas de lui faire. Deux
raisons fondamentales militent contre cette interprétation rétributive : 1. le
fait que la mort de Jésus aurait été vaine si elle ne nous offrait pas gracieusement
une réconciliation avec Dieu, si elle ne signifiait pas le pardon absolu de
Dieu. 2. le fait que Jésus traite clairement de la question à propos des Galiléens
massacrés par Pilate et de la tour de Siloé en Lc 13,1ss. Et là Jésus de préciser
que ces atrocités doivent mener ceux qu’elles choquent à un changement radical.
En d’autres termes ces atrocités sont une tentation de désespérer de Dieu et sont simultanément
une invitation à changer radicalement de manière d’envisager la vie. Par la
tentation Dieu nous remet à ce point en question dans nos assurances qu’il ne
nous est en principe plus possible de concevoir la vie comme nous le faisions
auparavant. C’est une grâce qu’il nous fait. Et effectivement il nous fait simultanément
la grâce de ne pas céder à la tentation. Pourquoi ne nous fait-il pas seulement
cette seconde grâce de résister à la tentation ? Parce qu’il est des circonsta
nces où nous sommes tellement enfermés en nos convictions, manières de voir
pécheresses (qui nous coupent de Lui) qu’il y faut une secousse d’importance
pour que nous puissions en sortir. C’est ce que l’histoire d’Israël ne cesse
de nous apprendre où les prophètes doivent toujours revenir interpréter les malheurs
politico-militaires ou les désastres naturels que subit Israël comme des manières
qu’a Dieu de vouloir faire revenir à Lui un peuple à la nuque raide.  Faire
revenir à Lui Ÿ, n’est-ce pas une grâce ? Objection me direz-vous :  Pourquoi Dieu
soumet-il à la tentation des êtres justes et droits qui n’ont pas besoin de
revenir à Lui ? Ÿ Vous avez la réponse dans le prologue du livre de Job où la
tentation à laquelle Job est soumis vise à tester sa foi. Notre foi peut être au
reste testée en deux sens : pour voir si elle n’est pas une foi de pacotille
et pour la renforcer car si elle n’est pas régulièrement confrontée à un ou
des obstacles elle a tendance à s’étioler. Tester notre foi, n’est-ce encore
une manière que Dieu a de manifester sa grâce ?