Ce que Jésus a dit et ce que ses successeurs ont affirmé...

Je vous remercie très tardivement de votre réponse au sujet de "Je suis le chemin,
la vérité et la vie "- Si je vous comprend bien Jean est un interprète de la
pensée de Jésus ou plus justement il dit qqchose
que Jésus lui révèle par l'Esprit. Jean est certainement celui qui a le mieux
défini ce qu'est l'Esprit .Vous me posez la question "Est-ce que
je pense avoir un autre accès au Père que Jésus ?"
La suite du verset est claire : Nul ne vient au Père que par moi. Poser la question
c'est presqu'un blasphème.
La question de la compréhension de ces textes qui ne sont pas des paroles authentiques
de Jésus à déjà été traitée par M. Birchmeier sur une question de Malawa. Quand
et comment faut-il faire le tri entre ce qui nous semble être d'inspiration
du Saint Esprit et ce qui est qu'une idée de l'évangéliste liée au temps et aux
problèmes de l'époque de la rédaction. A ce sujet existe- t'il des évangiles
ou des traités qui recensent les versets des synoptiques qui paraissent tirés
de la source Q ? Retrouve-t'on dans Jean et dans Thomas des versets qui appartiendraient
à la source Q ?
Bonjour jpm
Permettez-moi de ne reprendre que les derniers éléments de votre question.
Je n’opposerais personnellement pas ce qui est inspiré par Dieu et ce
qui est une idée de l’évangéliste liée au temps et aux problèmes de l’époque
de rédaction. Il se peut, en effet, que l’Esprit parle aussi – et pour moi aujourd’hui
dans une situation tout autre – par une réflexion propre à tel auteur, liée à tel
problème très particulier au moment où il a écrit. L’important est que ce que
dit l’auteur soit en cohérence avec ce que Dieu nous a dit de lui et de nous-même
en Jésus-Christ.
Entre cette question et la suivante, il y a une thèse que vous sous-entendez
: celle qui voudrait que ce que Jésus a vraiment dit soit plus vrai que ce que
les générations qui sont venues après ont dit à son propos. Certes si Jésus
avait dit qu’on était justifié par ses ¶uvres et que Paul affirme qu’on n’est justifié
que par la grâce, il faudrait refuser l’enseignement paulinien. Pourtant, on
ne va pas réfuter ce que Paul dit à propos du baptême comme association à la
mort et à la résurrection de Jésus (Rm 6) parce que Jésus ne l’aurait pas enseigné
lui qui n’a pas interprété sa mort et sa résurrection et lui qui apparemment
ne baptisait pas…
En français l’ouvrage qui – à sa manière – fait actuellement le point
sur la source Q est celui de Frédéric Amsler, L’évangile inconnu, La source
des paroles de Jésus. Labor et Fides 2001.
Permettez-moi encore de vous signaler le problème que pose toute reconstitution
des paroles de Jésus. Une fois que l’on a mis en évidence celles qui remontent
très probablement à Jésus, la question qui se pose est celle de la manière de
les faire tenir ensemble. Et c’est là que les options théologiques des reconstituteurs
Ÿ de la prédication de Jésus interviennent. J’ai pour ma part tenté une reconstitution
qui me paraît plausible dans ma brochure Vivre grâce à Dieu Ÿ, Ed. du Moulin,
2000.