Comment concilier la bonté de Dieu et le mal naturel ?

La création est effectivement cruelle. On peut même y inclure la créature
que nous sommes et se demander pourquoi dans sa bonté Dieu nous donne la liberté
de faire tant de choses cruelles…
On peut alors tenter de dire : Dieu n’a rien à faire avec la création
(mais alors il faut trouver un autre mot, car si la monde naturel est sa création
il doit d’une certaine manière avoir affaire avec Dieu !). Cette représentation
de Dieu comporte un inconvénient : Dieu n’a rien à faire avec ma vie présente.
Il ne peut pas y intervenir. Il n’est donc pas un dieu, un absolu. Il est relatif
à un certain domaine où il a un sens, où il est efficace… Dieu n’est pas seulement
plus un dieu, mais il n’est pas possible de dire de Lui qu’il est bon au sens où
il FERAIT le bien. Il est une Idée intéressante, peut-être une Idée directrice.
En tous les cas pas un être personnel. Ce Dieu n’a rien à voir avec celui du
judéo-christianisme. Autre possibilité: affirmer qu'il y a plusieurs dieux, deux
au moins. Mais la même critique s'adresse au dualisme ou auz polythéisme.
Si Dieu a à voir avec ma vie, il doit aussi avoir affaire avec le monde
et le mal naturel. Si je ne puis désespérément pas accepter cette hypothèse,
il me faut renoncer à postuler l’existence de Dieu. Si par contre je tiens à
ce que Dieu ait affaire avec ma vie (qu’il soit donc aussi créateur), la seule
possibilité c’est que j’accepte humblement que je ne puisse saisir ce que signifie
la bonté de Dieu. Il se trouve, en effet, que Dieu – à ce que raconte la Bible
– est un être qui constamment nous surprend. Il ne correspond pas à ce que nous
attendons, à ce que nous nous représentons de Lui. Il est radicalement autre
que ce que nous sommes, que ce que nous connaissons. Il se pourrait donc que
sa bonté comporte aussi des facettes surprenantes et que, par bonté pour nous, il
permette des choses qui nous révulsent. Là je suis en droit de lui demander
– puisque la seule chose que je sache de Lui, c’est qu’il est un Dieu qui parle
– de me faire comprendre ce qu’il peut vouloir me dire par le mal qui si cruelleme
nt me touche. Je suis en droit de le lui demander et de le faire – d’après le
témoignage de certains psalmistes, de Job et même de Jésus - avec une certaine
véhémence.
La Bible affirme que de manière générale Dieu me dit alors deux choses
: a/tester et renforcer ma foi si je suis croyant (cf. Abraham et Job) ; b/
me faire revenir à Lui si je suis pécheur, m’en suis détourné (le peuple exilé
à Babylone).