Quel est l'apport théologique de Bonhoeffer ?

Bonhoeffer a été, avant guerre, un théologien conservateur, voire réactionnaire.
Pendant la guerre, par contre, il a grandement innové. C’est le cas dans son
Éthique Ÿ et surtout dans ses papiers de prisons intitulés Résistance et
Soumission Ÿ. Il y aborde les thèmes alors radicalement nouveaux de la faiblesse
et de la souffrance de Dieu, du monde sécularisé (où tout s’explique sans Dieu
et qui est une conséquence nécessaire du christianisme), celui de l’homme adulte
qui n’a plus besoin de recourir à la religion (à laquelle Bonhoeffer donne un sens
négatif, lui opposant l’évangile), celui d’un christianisme areligieux à la
fois fidèle à l’évangile et en prise sur la situation actuelle. Le problème,
c’est qu’il ne s’agit là que d’esquisses. Il lance quelques idées – au demeurant fort pertinentes
- sur le papier, mais ne dit pas dans quel sens il faut les approfondir. Certains
ont tenté après lui de le faire. L’auraient-il fait si Bonhoeffer n’avait pas
écrit ce qu’il a écrit et surtout s’il n’avait pas accédé à la gloire qui fut
et reste la sienne grâce à son martyre ? Un autre apport positif de Bonhoeffer,
c’est sa clairvoyance politique. Il a tout de suite saisi – avec d’autres –
la dangerosité extrême du nazisme et a pris la résolution de s’y opposer fermement.
On ne peut toutefois pas dire que ce soit là une qualité proprement théologique.
Il s’agit plutôt d’un courage citoyen rendu probablement possible par la libération
qu’offre l’évangile à l’égard des ¶illères que l’on porte trop souvent.