Y a-t-il un sens symbolique aux chiffres de la multiplication des pains ?

Pouvez-vous m’aider au sujet de Mt 14,15-20 ?
Je peux deviner la symbolique pain /5 / 5000/ 12 (paniers) ça me rappelle l’exode,
la manne , la Tora (5 livres), , les douze tribus, l’abondance etc.
Mais que vienne faire les poissons dans cette histoire ? Et pourquoi, deux ?
Et pourquoi est-ce qu’il n’y en pas de reste comme pour le pain ?
Merci !
Cher saxifrage,
Il faut d’abord remarquer que Mt simplifie le récit de Marc (6,30-44), sans
pour autant changer les chiffres. Ni chez Matthieu, ni chez Marc je ne pense
pas que les chiffres de ce texte aient une importance cachée. Certes 12 manifeste
la plénitude ou le grand nombre.
Ce que les chiffres ont d’intéressant, c’est qu’ici Jésus réalise un acte semblable
à celui rapporté à propos d’Élisée en II Rois 4,42-44. Simplement Jésus fait
bien plus qu’Élisée. Celui-ci avait 20 pains pour nourrir cent personnes. Jésus
n’en a que cinq pour 5000 plus les femmes et les enfants, ce qui peut bien faire
quatre ou cinq fois plus de personnes dans l’assistance!
Quant aux poissons, ils ne se trouvent pas dans le miracle d’Élisée. Je ne pense
pas qu’il faille y voir, avec certains, le symbole caché de Jésus ( ichthus
Ÿ signifie, en effet, poisson en grec et ses cinq lettres grecques sont les
initiales de l’expression : Jésus Christ, fils de Dieu, sauveur, le poisson devenant
signe de ralliement pour les chrétiens, mais plus tard). Il se pourrait simplement
que dans une circonstance particulière les disciples et une foule se soient
effectivement retrouvés avec du pain et du poisson, nourritures courantes au bord
du lac de Galilée et que l’on ait conservé les poissons parce qu’ils ont toujours
fait partie de l’anecdote. Quant au fait qu’il ne soit pas resté de poisson,
c’est une chose que ne précise pas Matthieu, mais Marc parle des poissons restant
(v.43). Pourquoi Matthieu les a-t-il supprimés ? Mystère !
Dans tous les cas, le sens de ce miracle ne me semble résider ni dans la symbolique
des nombres, ni dans celle des éléments multipliés, mais dans le fait que Jésus
s’annonce ainsi comme celui qui rassasie nos faims. Ce faisant – thème secondaire
chez Marc – Jésus s’offre comme le berger de ces foules sans guide…