Le protestantisme possède-t-il une doctrine ?
qu'il y a une doctrine protestante ; je suis étonnée de lire ça, je croyais
qu'il n'y avait pas de doctrine dans notre religion , justement. Du coup, je
suis ennuyée : est-ce que c'est vrai qu'il y a une doctrine ? Laquelle ? merci
J'ai usé du terme "doctrine protestante" pour qualifier un certain nombre de
points de doctrine largement partagés dans les protestantismes. Ce sont les
quelques principes qui font que l'on est encore en protestantisme ou qu'on n'y
est plus si on les refuse. A mon sens - mais je suis prêt à entrer en discussion
- il y a trois grands principes du protestantisme. Je citerai d'abord l'affirmation
que nous n'avons accès à la vérité révélée par Dieu en Jésus-Christ que par
l'Ecriture (principe de l'Ecriture seule, sola scriptura). Il faut encore comprendre
ce principe dans le sens que la Bible est claire dans la mesure où on l'interprète
à partir de ce coeur auquel nous n'avons accès que par elle: la Parole de Dieu
faite événement historique en Jésus de Nazareth. Nous n'avons pas besoin d'autre éclairage
- en particulier les traditions - pour y découvrir la Vérité. Le deuxième principe
de la doctrine protestante, c'est à mon sens que l'on n'a accès à une vie vraie
que par grâce (sola gratia, par la grâce seule). Ce n'est pas nous qui pouvons donner
un sens à notre vie. Nous ne pouvons non plus lui donner une valeur par ce que
nous faisons (nos oeuvres). Nous sommes complètement dépendants de Dieu. Le
troisième principe, c'est l'affirmation qu'en conséquence la seule manière de
bien vivre sa vie et d'être certain que ce n'est par exemple pas la mort qui
aura le dernier mot consiste à mettre toute sa confiance en Dieu et en Lui seul
(sola fide, par la foi seule).
Il est vrai que certains protestants affirment que leur confession (et non "religion")
est la seule à ne pas avoir de doctrine. Je pense que c'est aller trop loin,
car si le protestantisme n'avait pas de doctrine, ne serait-ce pas encore sa
doctrine que de ne point en avoir ? Cela dit, il est vrai qu'une partie du protestantisme
est aujourd'hui - avec raison - récalcitrante à l'égard de toutes les formulations
dogmatiques à la lettre desquelles il faudrait adhérer pour être non seulement
un bon protestant, mais un bon chrétien. Comme j'aime à le dire, le protestantisme doit
son identité non à des barrières dogmatiques qui en seraient la clôture, mais
par rattachement à un même coeur: les trois principes précisément que j'ai énumérés
plus haut.