Comment être persuadé que ce que je crois est La Vérité ?

Votre question porte sur le problème de nos certitudes en général et sur la
certitude que nous pourrions avoir que la Bible est, davantage que d'autres
textes, le livre de la révélation de Dieu. Permettez-moi d'abord une précision
sur ce dernier point. La Bible n'est pas à mon sens le "livre de la révélation"
de Dieu comme l'est le Coran pour les musulmans. La Bible chrétienne rend compte
de la révélation de Dieu. Elle affirme centralement que Jésus de Nazareth est
la révélation de Dieu. La question que vous posez, je la traduit dès lors ainsi:
quelle certitude puis-je avoir que Jésus est la révélation de Dieu. C'est la
toute grande question de notre temps marquée par ce que le père Josef Ratzinger
a qualifié, dans son dernier sermon prononcé en tant que cardinal, de "dictature
du relativisme".

Dans l'évangile de Jean et la première épître de Jean, on parle de l'"Esprit
de vérité" (ex.: Jn 14,17). C'est à mon sens le rôle du Saint Esprit (Dieu à
l'oeuvre ici et maintenant) de nous rendre certains que nous sommes dans la
vérité. Soudain une conviction m'habite: la révélation de Dieu en Jésus est une certitude.
Cela je ne l'invente pas moi-même. Cela me tombe dessus. Cela vient de l'extérieur
et fait irruption au plus intime de moi.

Le danger, c'est alors que, fort de ma certitude, je ne réfléchisse plus, je
ne m'ouvre plus à une nouvelle possibilité de comprendre ma vie et le monde.
Le danger, c'est la fermeture sectaire sur mes convictions. Or le Saint-Esprit
que je ne possède jamais, qui toujours doit surgir et créer des convictions en moi
me donne avec ces convictions le courage de les soumettre à la critique, de
les remettre en question. Et du courage, il en faut pour sortir du cocon de
nos convictions. Ainsi m'ouvre-t-il par exemple, fort de mes convictions, au dialogue
avec des humains qui en ont d'autres. Si vous doutez donc de vos convictions,
dites-vous que c'est encore l'oeuvre de l'Esprit qui vous veut en chemin...

Notez au passage que le philosophe français René Descartes a appliqué ce même
raisonnement à nos certitudes rationnelles (et pas seulement existentielles).
Dans la quatrième partie de son Discours de la Méthode, il affirme que les vérités
claires et distinctes sur lesquelles fonder notre science ne peuvent aussi que nous
être données par Dieu.

Bonne fête de Pentecôte donc, à la découverte de l'Esprit créateur de convictions
courageusement reçues au pris du doute.