l'Eglise est-elle "semper reformanda"?
référence au catéchisme de Heidelberg .
Ma question s’articule en plusieurs volets, je vous serais reconnaissante de
la lire avec attention afin de la mieux cerner, de ne pas y lire ce qui ne s’y
trouve pas (!) et d’y répondre avec à propos ;-) .
Ne prenez pas mon insistance de mauvaise part, svp. un message écrit ne rend
pas le son de la voix et celui-ci est dépourvu d’animosité ! :-)
1. comment ce catéchisme a-t-il vu le jour ?
2. a) en quoi vous inspire-t-il ?
b) en quoi vous en distanciez-vous ?
3. se référer à ce texte vieux de 5 siècles avec un certain acharnement Ÿ,
ne vous semble-t-il pas en désaccord avec le principe semper reformanda Ÿ ?
Je vous remercie pour votre attention et votre réponse. :-)
Salutations cordiales de Gaby
Le catéchisme de Heidelberg est né en 1562 suite au passage du luthéranisme
au calvinisme du prince-électeur du Palatinat. Il a subi plusieurs influences
(voir: "Confessions et catéchismes de la foi réformée", O. Fatio éditeur, Labor
et Fides,Genève 1986)
Il ne m'inspire guère au plan théologique (je me réfère plus volontiers à Luther)
mais j'admire l'effort pour condenser l'essentiel de la foi telle que la comprenaient
ces calviniens du 16ème en un manuel de catéchisme: en 52 dimanche, on fait
le tour des questions théologiques de base.
Je m'en distancie de deux façons: 1)sa forme ne convient plus. Le fond exigerait
d'être "traduit" pour notre temps. 2)De plus, c'est aussi un instrument de combat
contre le luthéranisme. Les deux branches soeurs du protestantisme ont connu
l'opposition entre elles (sans violence, heureusement)
Se référer à un texte vieux de 5 siècles: il est bon de se rappeler les fondements
de sa culture théologique et de son histoire: je relis régulièrement des textes
de Luther, Erasme et Zwingli, j'y découvre mes sources, et aussi l'étonnante
actualité de certains thèmes et réponses.
On peut difficilement renier ce qui nous a constitué (je ne peux nier un rapport
à Calvin car j'ai grandi à Genève! Même si je prends distance de sa théologie.)
Relire les textes anciens, c'est visiter des monuments historiques importants.
S'y référer en revanche ne devrait se faire qu'avec l'esprit critique qui seul
permet de ne pas absolutiser le passé: les réformateurs étaient des gens admirables.
Mais ils ne sont que des êtres humains. Citons-les, inspirons-nous d'eux, en
sachant que la fidélité n'est pas la répétition, mais le travail dans l'esprit des
réformateurs.
Il y va du semper reformanda: figer l'église dans le passé est mortel pour elle.
Que les Eglises protestantes veuillent être fidèles à leurs fondateurs est bon,
mais en se souvenant que le seul "fondateur" décisif est le Christ. J'aime cette
peinture qui montre Luther prêchant: il montre le Christ de la main, car là
est la raison de la théologie chrétienne protestante: pas dans la réforme elle-même.
Il faut aussi se souvenir que si l'église est constamment à réformer, le croyant
l'est tout autant selon le mot de Luther: à la fois pécheur et justifié, c'est
à dire rien sinon pénitent. Ce que je traduis par: le croyant est toujours en
déficit devant l'amour de Dieu, mais accepté tel quel, sans condition par Dieu,
c'est é dire toujours en recherche du courage d'accepter d'être accepté.