Le jugement oublié de Dieu

avec les pécheurs. Jésus l'a aussi été de la part de Dieu. Je ne pense cependant
pas que Jésus travaille avec la peur de l'enfer. Il ne fait pas peur pour inviter
son auditoire à changer de manière de concevoir toutes choses. Il ne dit pas "Convertissez-vous
sinon vous irez en enfer". Il dit: "Convertissez-vous, car le royaume des cieux
est tout proche". Or, lorsque Dieu règne, ce n'est effectivement pas pour caresser
l'homme dans le sens du poil. En Jésus, Dieu s'annonce effectivement comme un Dieu
d'amour, proche de nous, qui pardonne, qui soutient, mais il se présente aussi
comme un Dieu lointain par rapport à qui nous nous jugeons, qui met le doigt
sur nos défaillances à son égard... Je ne dirai donc pas que Jésus aie voulu
faire peur, mais qu'il annonça un Dieu qui est aussi exigent et juge.
Faire l'économie - comme c'est beaucoup trop souvent le cas aujourd'hui - du
jugement de Dieu mène à se fabriquer une idole: une image d'un dieu qui nous
convient, mais ne colle pas avec ce que Jésus nous a donné à connaître de Dieu
Mais comment articuler les deux images que Jésus nous renvoie de Dieu? Comment peut-il
être Celui qui pardonne et en même temps Celui qui juge, Celui qui exige et
Celui qui aime, Celui qui est tout proche et qui nous échappe ? Il y a là un
exercice d'équilibrisme qui est chaque jour le lot du chrétien. Il faut essayer de
penser ensemble le pardon et le jugement en se disant que, quand Dieu nous pardonne,
il juge tous ceux qui, ayant entendu cette parole de pardon, n'en vivent pas
et n'en font rien dans leurs relations aux autres. Inversement, si Dieu n'était
qu'un juge, qui d'entre nous pourrait se trouver jugé positivement face à Lui?
Il faut que Celui qui est pleinement en droit de nous juger nous offre son pardon
pour que nous puissions croire notre avenir ouvert, espérer, aimer... Ainsi
le jugement de Dieu est relié à son amour et son amour à son jugement.