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Qu'est-ce qu'un chrétien unitarien ?

02.09.2004 Thème : Christianisme et autres religions Bookmark and Share
Réponse de : Jean-Denis KraegeJean-Denis Kraege
Les chrétiens unitariens sont effectivement connus pour refuser la trinité.
Ils affirment que Dieu est un et qu'il se donne à connaître de diverses façons.
Jésus et le Saint-Esprit ne sont que des manières parmi beaucoup d'autres que
Dieu a de se manifester.

Pour quelle raison en arrivent-ils à cette prise de position? Il y en a trois
au moins.

L'une d'elle, c'est qu'ils affirment que toutes les religions sont également
valables. Elles disent toutes à leur manière quelque chose de Dieu. Elles permettent
toutes de connaître un aspect de Dieu. Donc Jésus n'est pas Dieu venu en personne
pour se révéler. Il ne l'est en tout cas pas davantage que le Bouddha, tel sage
iranien, hindou ou esquimau, un shaman, etc. Les associations uniatriennes se
disenta isni universalistes et acceptent des croyants de toutes les religions.
Pour ce faire il faut gommer tout ce qui pourrait susciter des réactions négatives
d'adeptes d'autres religions. C'est tout particulièrement le acs pour les chrétiens
dont les musulmans ne peuvent accepter que Dieu soit un en trois personnes différentes.

Une deuxième raison, c'est que dans la ligne des philosophes du XVIIIe siècle,
les unitariens cherchent une conciliation de la religion et de la raison. L'intelligence
nous ayant été donnée par Dieu, la révélation ne peut pas entrer en contradiction
avec la raison. La raison est donc juge de ce qu'est Dieu. Ils sont ainsi partisans
d'une religion raisonnable. Tout ce qui peut choquer la raison doit être éliminé
de la religion. Ainsi le scandale de la croix dont parle l'apôtre Paul aux Corinthiens
(I Cor 1,18ss.) ou le paradoxe de l'incarnation (le verbe qui est Dieu fait chair
de Jn 1) ne sont pas acceptables. Un homme - serait-ce même Jésus - ne saurait
être Dieu.

La troisième raison de leur prise de position, c'est que le dogme chrétien de
la Trinité, tel que défini par les conciles de Nicée-Constantinople et de Chalcédoine,
d'une part s'exprime dans un vocabulaire qui ne dit plus rien et qui n'est pas
approprié à son objet, d'autre part suscite tellement d'impasses intellectuelles
qu'il faut absolument y renoncer.

On le voit, ce n'est pas tellement la trinité qui choque les unitariens que
la doctrine du Christ. Ils ne peuvent accepter qu'en Jésus Dieu se soit fait
homme une fois pour toutes. De fil en aiguille, ils rejettent toute la construction
faite pour expliquer comment Dieu pouvait être en Jésus et être le créateur et être
présent par son Esprit aujourd'hui... Leur rejet de la trinité est un rejet
de la christologie que celle-ci présuppose.



Commentaires

  • JCB08.05.2008
    Jean-Denis Kraege a déjà dit beaucoup de chose dans sa réponse à Cannelle. Je ne fais ici qu’un simple complément. La première raison du rejet du dogme trinitaire – et la plus simple – est que ce dogme ne se trouve pas dans le Nouveau Testament. Il est en effet postérieur au prologue de Jean (où Jésus est considéré comme médium de la Parole de Dieu, mais non comme l’incarnation de Dieu lui-même). Il devient « officiel » et « obligatoire » pour tous les chrétiens à partir du Concile (qui sera dit ensuite « œcuménique ») de Nicée en 325. C’est donc un dogme bien tardif ! Ce que l’on trouve dans le Nouveau Testament (par exemple pour le baptême), c’est une formule ternaire : Dieu le Père, Jésus Le Fils, le Saint-Esprit, soit trois personnes présentées d’une façon bien distinctes. Paul, par exemple, commence ses épîtres en saluant ses correspondants au nom de Dieu (IHVH) et au nom de notre seigneur Jésus (l’Adôn). Il n’y a pas de confusion chez lui (hormis dans les hymnes christiques qu’il récupèrent et qui sont une émanation de la ferveur populaire, déjà dans les années 55-60 !). Le dogme trinitaire, c’est : Dieu qui est le Père, le Créateur, et qui s’est incarné en Jésus (donc Le Fils devient Dieu lui-même) et qui est en même temps le Saint-Esprit. Pour les chrétiens unitariens, Jésus est simplement de nature humaine, certes charismatique et guérisseur (thaumaturge), mais non Dieu. Ce sont les hommes qui, après sa mort, l’ont divinisé. L’Esprit-Saint est le souffle de Dieu (Dieu en action diraient les théologiens du Process) et non une personne distincte. Cette théologie est tout à fait admise par l’Eglise réformée de France, laquelle pratique le pluralisme théologique (même si elle n’en parle pas beaucoup !). Il peut donc y avoir – et il y a (même s’ils ne sont pas nombreux) - des pasteurs de conviction unitarienne ou de sympathie unitarienne. Les premiers réformateurs, comme Martin Luther et Jean Calvin, ne considéraient pas ce dogme comme nécessaire pour la foi. Ils ne le désavouaient pas, mais ils considéraient qu’il était secondaire, ou du moins qu’ils avaient déjà suffisamment soulevé de lièvres pour en soulever un autre. Quelle ne fut donc pas leur surprise lorsque le jeune Michel Servet posa cette exigence : quid de cette histoire de Trinité ? http://labesacedesunitariens.over-blog.com/article-18981152.html et article suivant. Jean Calvin, qui justifia l’Inquisition en dépit de ses écrits de jeunesse et se montrait particulièrement sourcilleux quant à son autorité spirituelle et morale, orchestra vite fait bien fait le procès de l’insolent lorsque celui-ci eut la malencontreuse idée de pointer le bout de son nez à Genève et le fit mettre sur le bûcher en 1553. La théologie unitarienne est héritière de cet anti-trinitarisme du XVI° s., également du libéralisme théologique avec surtout Faust Socin (remise en cause du Péché originel, de l’Enfer, de la signification rédemptrice de la crucifixion de Jésus, etc.) Comme leur nom l’indique, les chrétiens unitariens se situent comme disciples de Jésus dit « le Christ », même s’ils s’intéressent – du fait de leur culture générale – à toutes les religions et à tous les humanismes. Considérant Jésus comme un Maître (au sens plein et fort du terme), mais non comme un dieu, ni Dieu lui-même, ils sont de plein pied dans le dialogue avec les Juifs, les musulmans et les baha’is qui, eux aussi, s’intéressent à Jésus et considèrent positivement son enseignement et son rôle historique. Pour plus ample information, voir les sites des chrétiens unitariens francophones : http://afcu.over-blog.org, http://labesacedesunitariens.over-blog.com, http://actua.unitariennes.over-blog.com Aujourd’hui, le contexte ayant changé (plutôt en bien !), les chrétiens unitariens se présentent comme non-trinitaires et réservent l’anti-trinitarisme pour une présentation historique de leur mouvement lequel est l’une des Réformes protestantes du XVI° siècle européen (la « benjamine » disent nos amis de l’Eglise unitarienne de Transylvanie). Les chrétiens unitariens sont en compagnonnage spirituel avec tous les autres chrétiens libéraux (comme par exemple la mouvance Evangile et Liberté en France, le Journal Le Protestant à Genève, l’Union protestante libérale de Strasbourg, la revue Théolib, etc.) et des autres croyants libéraux. Jean-Claude Barbier, secrétaire général de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU).
  • Andrès05.09.2009
    Bonjour, IL est bon de savoir que les unitariens sont aussi divers que les autres chrétiens. Tous ne sont pas universalistes ou libéraux. Il existe un courant évangélique unitarien qui a une lecture non critique de la Bible. Pour en revenir au commentaire ci-dessus, il est tout à fait vrai qu'au début du Christianisme, qui est issu du Judaisme, il n'y avait pas de notion de trinité. Ce dogme est venu plus tard et officialisé en 382. 350 ans après le mort et la résurection du Christ. Amicalement Andrès
  • Andrès14.11.2009
    Bonjour, Comme dit plus haut, le mouvement unitarien est divers et varié. Voici 2 blog sur des unitariens chrétiens : le premier donne des explications sur la compréension biblique des unitariens http://chretienunitarienarianisme.centerblog.net le second est plutôt un petit dictionnaire sur la vision unitarienne du christianisme. http://unitarienchretien.aumax.com Merci pour la pluralité des opinions exprimée sur ce forum. Andrès