Faut-il absolument croire que Jésus a été offert en sacrifice ?

pardonner. S'il en avait eu besoinŸ, ce pardon ne serait pas gratuit, or les
principaux témoins du Nouveau Testament parlent d'un Dieu de pure grâce. Que
vient alors faire - me direz-vous - dans ce même Nouveau Testament l'affirmation
plusieurs fois répétée du sacrifice sanglant de Jésus pour nos péchés (Cf.
par exemple Jn 1,29; Rm 3,25) ? Une lecture attentive du Nouveau Testament
nous fait découvrir que la mort du Christ en croix est interprétée de toutes sortes
de manières dans le Nouveau Testament. Outre le vocabulaire du sacrifice, on
utilise aussi celui du droit pénal (le sans-faute à la place des coupables Gal
3,13) et celui du droit civil (payer pour racheter la liberté des esclaves du péché
I Pi 1,18s.) pour dire que Jésus s'est substitué à nous. Le NT utilise encore
d'autres langages que celui de la substitution pour dire la mort de Jésus pour
nous: elle est l'expression de la volonté aimante de Dieu (II Cor 5,19), le jugement
de Dieu sur le péché des hommes (Rm 8,3), un exemple nous invitant à mourir
à nous-même (Mc 8, 31-35).
Le langage du sacrifice sanglant n'est donc pas la seule manière de dire le
sens de la mort de Jésus. Il a malheureusement été privilégié dans certains
milieux d'Eglise et c'est comme si pour certains il était absolument indispensable
de croire que le Christ a été offert en sacrifice à notre place pour apaiser la
colère de Dieu à l'égard de notre faute. Si les premiers chrétiens ont utilisé
tous ces langages différents, c'est qu'ils essayaient de cerner quelque chose
de difficile à dire et qui ne se réduit pas à une seule formule. Ils ont utilisé
des mots qu'ils trouvaient dans l'Ancien Testament, dans leur langage de tous
les jours. Mais - me direz-vous - n'est-on pas en droit de se demander ce qu'au
fond ils ont voulu dire ? J'aime personnellement utiliser le langage de la réconciliation
dont Paul fait usage en II Cor 5 pour dire la mort de Jésus. Dieu a voulu réconcilier
l'humanité avec Lui. Pour ce faire il est venu nous parler une fois pour toutes
en Jésus. Les hommes ne l'ont pas accepté. Ils se sont scandalisés face aux changements
que cela induisait. Ils ont dès lors éliminé le trouble fête qui est donc mort
pour avoir voulu nous réconcilier, nous pécheurs, avec Dieu. Je crois dire ainsi
exactement ce que les textes du NT, utilisant le vocabulaire du sacrifice, voulaient au
fond dire. Je pense simplement ainsi le dire dans des termes beaucoup plus acceptables
pour nous aujourd'hui.