Tolérance ou respect des personnes ?

Vaste sujet que celui de l'intolérance! C'est un concept très à la mode, mais
dont il convient de grandement se méfier... tout en dénonçant toutes les formes
possibles d'intolérance! N'est-on pas toujours l'intolérant de quelqu'un d'autre,
comme vous en avez fait l'expérience ? Et puis quand les autres sont intolérants
à mon égard, dois-je, par esprit de tolérance, l'accepter? N'est-ce pas tresser
la corde avec laquelle je vais être pendu ? Ne se réfugie-t-on pas derrière
l'esprit de tolérance par paresse, pour ne pas engager vraiment le dialogue, voire
la confrontation ? Et si je suis intolérant à l'égard des intolérants, ne vais-je
pas les renforcer dans leur intolérance? Je propose donc de renoncer à travailler
avec cette idée de tolérance.

En lieu et place je proposerai la notion de "respect des personnes". J'ai le
droit d'être respecté dans ma personne, même si je me trompe. On peut même résumer
les droits de l'homme par cette idée de "respect des personnes". Alors si je
me trompe aux yeux d'autrui, je puis attendre non d'être disqualifié, mais d'être
édifié par l'autre. Je vous propose donc de demander à vos interlocuteurs de
vous respecter, c'est-à-dire de vous écouter puis d'engager un authentique dialogue
avec vous pour essayer de vous convaincre que vous avez tort. Il va de soi que cela
n'est possible que si, à votre tour, vous respectez vraiment l'autre et vous
donnez les armes suffisantes pour tenter de convaincre votre interlocuteur en
prenant vraiment en compte ses arguments. A la différence de la tolérance, le
respect autorise, à mes yeux, le débat serré, l'affrontement des arguments,
la polémique. Dans une esprit de respect, la relation est une relation d'amour
d'autrui. Dans l'esprit de tolérance, la relation confine à l'indifférence à autrui!
Notez encore que l'exigence de respect des personnes permet de disqualifier
toutes les formes d'intolérance.

Reste que, comme vous en faites l'expérience, il est des fois où malgré toute
notre volonté de respecter l'autre, celui-ci ne veut pas être respecté, refuse
le dialogue... C'est le cas depuis deux mille ans pendant lesquels le christianisme
a été en butte à la persécution. La leçon que l'on peut tirer de l'histoire des persécutions,
c'est que le christianisme a tenu bon à chaque fois qu'il a su clairement et
sans aggressivité dire ce qu'il avait à dire face à ses persécuteurs, donc les
respecter. Pourquoi ne serait-ce pas encore le cas aujourd'hui ?