Durcissement de la politique d'asile en contradiction avec le message de l'Evangile ?

que pensez-vous des mesures votées lundi par les parlementaires à Berne qui
marquent un durcissement de la politique d'asile en Suisse ? Ne sont-elles pas
en contradiction avec le message de l'Evangile ?
Lutter contre de telles décisions n'est-ce pas témoigner de l'espérance en un
jugement dernier qui met avant tout l'accent sur la victoire finale de bien
?
Refuser cette attitude de repli sur soi en se montrant solidaire vis à vis d'un
prochain dans la précarité n'est-ce pas concrétiser ce que signifie vivre sous
la grâce ?
De nombreuses questions sur le site ont mis en évidence la relation entre le
mal que l'on subit et le mal que l'on fait(même malgré soi), si on se réclame
d'un Dieu miséricordieux, n'est-ce pas d'abord plus important de reconnaître
qu'on a besoin les uns des autres, tous sans exclusion !
Bonjour et merci de votre question en lien avec l'actualité du Parlement Suisse,
mais aussi de la plupart des pays européens qui peu à peu adoptent la même ligne
et qui pour lutter contre quelques personnes qui commettent des abus, mettent
en danger un grand nombre qui ont réellement besoin de protection. Et en effet
ceci est en totale contradiction avec le message de l'Evangile. Il suffit de
relire la parabole du riche et du pauvre Lazare qui dort à sa porte (Luc 16.19-31)
pour s'en rendre compte.
C'est aussi la raison pour laquelle les Eglises de notre pays se sont fermement
engagées contre cette Xème révision de la loi sur l'asile. Vous pouvez trouver
leur déclaration adressée aux parlementaires sur le site www.feps.ch
Et si elles s'autorisent à prendre une telle position à ce sujet, c'est qu'elles
sont aussi bien présentes sur le terrain, par exemple au travers de leurs aumôneries
auprès des requérants d'asile et qu'elles savent parfaitement quelles sont les
situations de ces personnes. Leur jugement est du reste confirmé par les récentes déclarations
du Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés qui estime aussi que ces modifications
constituent une sérieuse atteinte à la tradition humanitaire de notre pays.
Malheureusement, il faut reconnaître que tout cela se passe dans une grande
indifférence alors que si l'on s'autorise ainsi à bafouer les droits de certains
pauvres, c'est la porte ouverte ensuite à d'autres exclusions : les vieux, les
malades, les handicapés, les jeunes. Sans oublier que laisser à la rue et sans aucun
soutien des centaines de personnes, c'est pousser les gens à des actes de désespoir.
Il convient donc que les chrétiens et toutes les femmes et les hommes de bonne
volonté ne se découragent pas et continuent à résister et à s'engager dans des
gestes de solidarité.