Quelle est la valeur de notre vie ? Quelles responsabilités ?

Je reste stupéfait de la virulence de certaines réactions aux propos de Jean
Denis Kraege. Je suis tout à fait conscient du caractère limité de mes capacités
intellectuelles, mais je ne trouve pas de corrélation entre les propos de M.
Kraege et les réactions que ces propos suscitent.
Il se pourrait évidemment que M. Birchmeier ait mis le doigt sur le problème
en disant "Quel Dieu avons-nous prêché pour susciter tant de malentendus?".
Il est donc possible que les gens qui se disent offusqués soient inspirés culturellement
par la conception d'un christianisme qui ne permet pas l'ouverture de la réflexion
à une approche plus globale du problème et donc qu'à la lumière de ce christianisme, les
propos de M. Kraege paraissent quelque peu obscurantistes. J'invite donc ces
personnes à prendre un peu de recul et à réfléchir à la question de façon un
peu différente.
A mon avis, M. Kraege souligne deux éléments importants:
ž Quelle est la valeur de la vie humaine si Dieu n'existe pas?
Et je partage son avis sur le fait que si Dieu n'existe pas, l'existence de
l'homme n'a aucune raison et n'a pas plus de valeur que l'existence d'un caillou,
puis que l'un et l'autre ne sont que le fruit d'un pur hasard. La mort de 100'000
personnes n'est alors q'un détail insignifiant et l'existence de la terre dans l'univers
n'a pas de sens.
ž Si Dieu existe, alors il faudra se résoudre à admettre qu'Il a créé le monde
tel que nous l'avons.
Est-ce bien, est-ce mal, je n'ai moi-même pas suffisamment d'éléments pour en
juger et je pense qu'un tout petit peu d'humilité en la matière ferait le plus
grand bien.
Si Dieu a créé le monde tel que nous l'avons, il a donc aussi créé les Tsunamis
et il ne me parait pas obscurantiste d'émettre l'hypothèse que s'il a créé les
Tsunamis, il ait pu vouloir nous interpeller par leur réalité.
En tous les cas, il les a rendus possible, comme il a rendu possible bien d'autres
choses encore et en particulier la liberté, la solidarité, la compassion, l'amour,
la sympathie, etc. toutes choses qui font la qualité d'un lien social et qui,
peut-être, sans Tsunamis, n'auraient pas la même valeur. L'un existerait-il
sans l'autre? La rose serait-elle si belle si elle n'était pas si fragile? De
nouveau, je manque d'éléments pour en décider.
Volonté de Dieu ou pas, je me sens interpellé par ce Tsunami là, parce que justement
il met en lumière l'énorme déficit de qualité de ce lien social entre les Hommes,
relativement au "possible" dont je parlais ci-avant.
Evidemment, il soulève des élans de solidarité tout autour de la planète, et
des fonds importants sont réunis au profit de ces pauvres gens. Mais pour combien
de temps?
Combien de centaines de milliers de personnes meurent chaque année de faim et
de pauvreté dans le monde, dans l'indifférence générale, alors que nous serions
en mesure de tous les sauver? Savez-vous combien il y a de millions d'enfants
aveugles, seulement en Inde, du seul fait de la malnutrition? Avec 50.- par enfant, il
est possible de leur rendre la vue. Mais ceux-là ils ne nous gènes pas. Pourquoi?
Pourquoi l'Homme permet-il cela?
Merci de vos commentaires.
Merci de votre commentaire sur notre débat de ces dernières semaines. En complément
à ce que vous écrivez je me permets d'ajouter cette citation d'Elie Wiesel,
un survivant de la Shoah:
"J'appartiens à une génération qui s'est sentie abandonnée de Dieu et trahie
par sa création. Et pourtant je crois que nous n'avons pas le droit de nous
séparer de l'un ou de l'autre."
Le Père Albert Longchamp qui met en exergue cette citation dans son éditorial
de l'Echo Magazine (1/2005) ajoute : "Nous ne sommes pas les maîtres du monde,
mais seulement ses gérants. Le malheur ne nous condamne pas au désespoir, il
nous appelle à l'invention, à l'anticipation des dangers, à la mise au service de
la collectivité mondiale des moyens techniques dont nous disposons. Les catastrophes
sont aussi une dure, une très dure leçon d'humanité. C'est ensemble, tous les
jours, que nous avons à rendre la terre habitable. Terriens du monde entier,
ne courbez pas la tête, ne maudissez pas le Ciel, unissez-vous!"