Est-il grave de mourir sans être baptisé? Et Dieu accueille-t-il les suicidés?

Bonjour Charles

Non, il n'est pas grave de mourir sans être baptisé. Le baptême ne signifie
pas un certificat d'entrée dans l'Eternité. Le baptême a en effet deux aspects:
C'est d'une part le signe de l'Amour inconditionnel de Dieu...Et si cet Amour
est inconditionnel, il serait donc absurde de mettre une condition (dans ce cas,
le baptême) au salut. C'est d'autre part l'engagement de l'être humain en réponse
à cet Amour de Dieu, et là aussi c'est un signe qui a certes une valeur importante,
mais qui reste de l'ordre du signe et du témoignage. Rien de plus.

Je ne comprends pas très bien votre question sur le suicide, notamment ce que
vous entendez par le suicide "pour protéger des proches"? Je ne vois pas à quoi
vous pouvez penser. Le suicide est-il un choix de l'individu? Personnellement,
et là je parle aussi en tant que proche de qqn qui s'est suicidé, je ne pourrais
souscrire à une telle affirmation. Ce n'est pas un libre choix comme un autre,
comme on a pu le présenter de manière un peu idéaliste dans une certaine philosophie
abstraite...On ne choisit pas de mettre fin à ses jours, comme on pourrait choisir
une profession, une relation avec qqn, ou une nouvelle voiture! Il me semble
que de présenter le suicide comme un choix neutre - presque extérieur à soi-
constitue une terrible banalisation (et c'est ce qui me choque dans les associations
d'aide au suicide). Cela voudrait dire en définitive que je suis totalement
maître de ma vie et de ma mort, ce qui est une volonté de maîtrise démesurée.
Mais je suis conscient que pour certaines personnes qui n'arrivent plus à lutter,
le suicide peut leur apparaître comme la seule issue possible. Mais ce n'est
pas alors un choix libre, réfléchi, calculé, en totale conscience et adéquation
avec elles-mêmes, c'est plus un geste désespéré, qui met fin de manière violente à une
situation insoutenable.
Du côté des proches, c'est comme vous le dites , toujours très dur... Mais il
ne faut pas ajouter à cette tristesse du départ une condamnation religieuse.
Dieu , selon l'expression de Jean, est "plus grand que notre coeur et il connaît
toutes choses", il ne peut donc dans Sa compassion et Sa miséricorde qu'accueillir
celui qui a accompli ce geste de désespoir. Mais affirmer cette compassion de
Dieu ne saurait en aucun cas être une justification ou un encouragement au suicide,
car cette Compassion est plutôt un appel à la vie, au coeur des épreuves et des
difficultés, à l'espérance malgré tout.