Dieu ets-il dehors ou dedans?

en oubliant le bas de mon corps et mon lien à cette bonne vieille terre qui
me nourrit. Ca me mutile, me castre peut-être ? Désolé d'être un peu cru, mais
le christianisme a suffisamment de peine a intéger les questions relatives à
la sexualité pour que celles-ci se présentent inmanquablement.
Ne se coupe-t-on pas d'une force de vie que le créateur nous a donné, en s'en
désappropriant et en s'en déresponsabilisant du même coup ?
Dieu s'est pourtant fait homme, à l'intérieur d'un corps. Aussi. Et il a même
fait des choses pas mal par le biais de cet homme. Si, un tout petit peu à son
exemple, notre foi pouvait atteindre la taille d'un grain de moutarde...
Ce qui ne veut pas dire qu'il s y emprisonne et que quiconque puisse le contenir.
Mais n'aurait-on pas intérêt, quand on prie, quand on se confesse, quand on
parle de Dieu, à l'imaginer plus proche de nous,à l'intégrer un peu plus et
à être de ce fait plus en contact avec nous-mêmes ? et un peu plus honnête aussi,
arrêtons d'attendre qu'il fasse à notre place ce qu'il nous à donner les moyens
de faire !?
merci. Excusez pour le dérapage de la question, pas facile à contrôler.
"Je crains que les chrétiens qui n'osent avoir qu'un pied sur la terre n'aient
aussi qu'un pied au ciel". J'aime cette citation du théologien protestant Dietrich
Bonhoeffer. Ce pasteur allemand a été pendu par les nazis peu avant la fin de
la dernière guerre mondiale, pour avoir participé à un complot contre Hitler. Il
était un homme engagé dans son temps, à ras de terre.
Vous avez raison de vouloir que l'Evangile ne soit pas vécu ailleurs que dans
le concret de la vie, aujourd'hui, sans faire l'impasse sur le corps qui est
notre manière d'être au monde. Vous le dites d'ailleurs, pour se faire connaître
Dieu a pris corps parmi nous. C'est l'incarnation.
Ceci dit, vaut-il mieux parler de Dieu comme extérieur ou intérieur à nos vies?
Je n'aimerais pas me priver de la richesse de ces deux manières de dire Dieu.
Elles tiennent l'une à l'autre.
Dire que Dieu est extérieur à nous, transcendant, c'est dire qu'il nous dépasse
et que nous ne pouvons pas mettre la main sur lui. Je ne crois pas qu'ainsi
il nous arrache de la terre. Je pense plutôt qu'il nous instaure comme des vis-à-
vis, des partenaires humains responsables, appelés à agir dans le monde. Je crois qu'en
étant Autre, il peut apporter ce dont nos vies ont besoin pour être en plénitude.
Dire que Dieu se tient à l'intime de nous-mêmes, c'est dire sa proximité, sa
présence qui donnent souffle à nos vies, à nos actions.
Je n'ajoute pas beaucoup à ce que vous dites. Mais je propose de ne pas choisir
entre les deux manières de parler de Dieu, de les garder en tension. N'est-ce
pas ce que nous disons chaque fois que nous prions "Notre Père qui es aux cieux...".
Le Père, c'est la proximité, l'amour, la tendresse, l'appel à vivre. "Qui es aux
cieux" rappelle que c'est le Dieu de l'univers qui s'est fait proche au point
de devenir notre Père.
Pour moi Dieu est à la fois celui qui me dépasse et m'habite. Dans cette tension,
ma vie est préservée de se croire toute puissante et préservée de se croire
abandonnée. Elle a besoin des deux.