Christianisme est-il compatible avec la recherche du bonheur ?

le christianisme est il compatible avec la recherche du bonheur? comment sait
on qe l' on est heureux ? pour moi athé ou lié à une religion nous cherchons
tous le bonheur.
jjj
Bonjour,

Votre interrogation est cruciale. On associe facilement la foi à une vie d'abnégation,
de contraintes et de privations.

Et pourtant, les promesses et les invitations au bonheur sont souvent aux lèvres
de Dieu. La plus connue : Deutéronome 30, 15-19 "Je mets aujourd'hui devant
toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur... choisis la vie..." Le psaume
23 termine par "le bonheur et la grâce me poursuivent tous les jours de ma vie"

Seulement, comme le bonheur n'est pas un état stable, il se cherche. La spécificité
de la foi chrétienne tient à ce que ce bonheur ne se conquiert pas, il se reçoit
de Dieu. Il est caché dans la relation de confiance qu'on a avec lui. C'est
pourquoi, dans l'Ancien Testament, le bonheur et les envolées de joie qui le disent
ont quelque chose à voir avec la volonté de Dieu. "Les lois que je te donne
aujourd'hui pour ton bonheur" (Deut. 10,3)ou "Je n'ai pas de plus grand bonheur
que toi" (Psaume 16,2)

Pour le chrétien comme pour le juif, le bonheur ne recoupe par forcément l'idée
qu'il s'en fait et surtout, l'idée véhiculée par les média ou les philosophies
aussi nobles soient-elles (par ex. le Stoïcisme ou l'Epicurisme si mal compris
de nos jours).

Le bonheur dans la Bible c'est l'événement d'une personne qui nous rejoint sans
cesse au plus intime et au plus blessé de nous-mêmes, même là où des contradictions
nous déchirent.On est alors réconcilié avec celui qui jusqu'alors nous inspirait
de la méfiance, ressemblait furieusement à une concurrence ou à une prise de pouvoir
sans frein : la personne même de Dieu. L'imaginer venir perturber notre bonheur
par jalousie ou par possessivité, ça vient si vite à l'esprit!

Pour nous chrétiens, la redécouverte d'un Dieu aimant (donc, exigeant)qui veut
l'homme heureux, passe par Jésus-Christ.On le voit trésaillir de joie, dire
son bonheur à son Père (rendre grâce) et donner sa vie pour la qualité de notre
bonheur. On l'entend nous dire "Heureux! ceux qui ...." (Matthieu 5, 1-12)

Vous remarquerez que le bonheur de l'Evangile est en décalage avec le bonheur
des philosophies des Lumières. Il n'est pas que la satisfaction des besoins
légitimes, il élargit l'aptitude à aimer et il ouvre les intérêts personnels
vers le prochain, dans un souci de justice et de paix aux implications pratiques.

PS : Me revient la réponse du champion d'échecs, Kasparov, à la question "qu'est
ce qu'il y au dessus de la victoire ?" - "Pouvoir faire confiance à quelqu'un"