Pourquoi les protestants n'ont-ils pas conservé le sacrement de la confession ?
J’aimerais avoir des éclaircissements sur ce qui suit :
Pour les catholiques il est obligatoire afin que les péchés graves, on n’ose plus trop dire mortels maintenant, soient pardonnés, qu’ils soient confessés à un prêtre qui prononce une absolution sacramentelle au nom de Dieu. Ils se réfèrent pour cela à cette parole de Jésus à ses disciples : “Recevez le Saint Esprit. Les péchés seront pardonnés à ceux à qui vous les pardonnerez. Ils ne seront pas pardonnés à ceux à qui vous ne les pardonnerez pas” (Jn 20.23), soulignant que pour décider si l’on doit ou non pardonner il faut savoir de quoi il s’agit.
Pour les calvinistes et les luthériens il n’y a ni confession obligatoire, ni absolution sacramentelle. A noter qu’un pasteur luthérien m’a dit que Luther avait été quand même interpellé par cette parole de Jésus, et avait beaucoup hésité avant de finalement renoncer à adopter la position catholique.
J’aimerais que vous m’expliquiez pourquoi vous interprétez différemment ce passage de l’Evangile.
Je vous en remercie vivement par avance.
Bien fraternellement.
Florence.
D’abord ce qui empêche les protestants de faire de la confession auriculaire un sacrement dont l’administration est liée au ministère sacerdotal, c’est d’une part que nous n’avons pas affaire stricto sensu à un sacrement (parole de pardon + élément + ordre de le répéter) et d’autre part que Jésus ne donne pas cette mission à une caste particulière, mais à tous ses disciples, à tous les croyants qui sont tous prêtres (en vertu de I Pi 2.9 ou Ap 1.6 etc.). Dès lors tout croyant peut pardonner les péchés ou les retenir.
Que signifie, ensuite, pardonner ou retenir les péchés ? Nous sommes ici en contexte johannique. Or, chez Jean, le jugement qui appartient au Fils consiste à situer ses interlocuteurs par rapport à sa révélation (cf. Jn 3.19-21 ; 5.24-29 ; 8.21-24 ; 9.40-41 ; 15,22-24). Ce sont ses interlocuteurs qui se jugent eux-mêmes. L’accepter comme La Parole dite par Dieu sur ma vie, c’est vivre de la vie éternelle et donc voir son péché non-retenu. Refuser de le reconnaître comme le Révélateur, c’est voir notre péché « retenu ». Le péché,d ans ce contexte, c’est même ne pas reconnaître Jésus pour celui qui vient pardonner de la part de Dieu. La mission que les disciples reçoivent ici du ressuscité est de poursuivre l’œuvre révélatrice du Christ. Cette œuvre du Christ peut être résumée par l’offre de pardon des péchés. Les disciples doivent donc placer leurs interlocuteurs face au révélateur et les obliger à se situer du côté des pécheurs pardonnés ou des pécheurs non-pardonnés.