Se détourner de la voix intime?
que pensez-vous de ce passage issu du livre des visions et instructions de Angèle de Foligno ?
" Ceux qui ont le Seigneur Dieu pour illuminateur voient leur voie particulière dans leur lumière intérieure et spirituelle. Mais quelques-uns d'entre eux ferment les oreilles de peur d'entendre, et les yeux de peur de voir. Ne voulant pas écouter la parole de Celui qui parle dans l'âme, quoiqu'ils sentent de ce côté-là la senteur divine, ils se détournent, malgré la voix intime, et suivent la voix commune. Ceux-ci seront maudits par le Dieu tout-puissant."
Ne serait-ce pas ça le péché contre le Saint Esprit évoqué par Jésus ?
Merci pour votre réponse.
Bonjour,
Merci de partager avec nous ce très beau texte d'Angèle de Foligno. Il me semble qu'il décrit, dans un langage expressif, mais aussi quelque peu daté (Angèle est une mystique du XIII° siècle) une réalité spirituelle qui est toujours d'actualité pour chaque femme et homme engagé sur un chemin de spiritualité: La difficulté que nous avons si souvent à écouter cette voix intérieure, qui est la voix même de Dieu en nous, voix qui rejoint notre intimité la plus profonde et qui crée même cet espace intérieur et à la suivre pour préférer la "voix commune" des dogmatiques (si l'on est engagé dans l'Eglise), des philosopheurs (si l'on est intellectuel) ou des "publicitaires" dans notre société qui n'a tendance qu'à répéter à l'infini des "slogans".... Angèle parle de deux sortes de spirituels, ceux qui suivent la voix intime et ceux qui s'en détournent pour suivre la voix commune, c'est une reprise de l'image des deux chemins dans l'enseignement de Jésus, le chemin étroit (étroit parce qu'intime!) et le vaste chemin...Mais je ne crois pas qu'il faille ainsi délimiter deux types d'humanité: La frontière passe au-dedans de nous! Nous sommes à certains moments de ceux qui écoutent cette voix intérieure dans laquelle on perçoit la "saveur divine" et à d'autres moments ceux qui choisissent d'écouter d'autres voix plus "attirantes" ou "sédutrices"...J'entends ce texte come une invitation à toujours revenir, quoi qu'il puisse en coûter à l'écoute de cette voix intérieure qui ouvre mon intimité et me constitue comme sujet de ma vie devant Dieu... La dernière phrase qui semble impliquer une malédiction de l'extérieur de la part de Dieu est datée, je crois qu'on ne peut plus dire les choses ainsi de nos jours:Je dirais plutôt que c'est la conséquence interne de notre choix: Se couper de la voix intérieure, de son intimité, de l'Esprit divin en nous au profit des "bavardages" séducteurs du "monde" nous conduit à une vie malheureuse. C'est une malédiction que nous nous créons nous-mêmes ! En sachant bien que l'Evangile est là pour réveiller en nous cette voix intérieure et nous apporter alors une vie bénie!
C'est vrai que cette réalité décrite par Angèle a des ressemblances avec ce que Jésus nomme le "péché contre l'Esprit". Ce pourrait être comme un commentaire des paroles de Jésus à ce sujet.