Existe-t-il des péchés plus mortels que d'autres ?
Une fois encore il faut se mettre d’accord sur ce qu’est le péché. La Bible ne parle du reste pas d’une seule voix à son propos. Personnellement, à la suite d’une grande tradition remontant à Paul et Luther, je définis le péché comme la falsification et même la rupture de la relation entretenue avec Dieu. Les ruptures et falsifications d’autres relations qui me constituent (à autrui, à moi-même, au monde, au temps) ne sont pas à proprement parler des péchés, mais des conséquences du péché. Si je ne suis pas en bonne relation avec Dieu, toutes mes autres relations en pâtissent.
Les dix commandements peuvent être répartis en deux tables : les cinq premiers concernent notre relation à Dieu, les cinq derniers nos relations « horizontales ». Ne pas respecter la première table, c’est commettre le péché. Ne pas respecter la seconde, c’est – disons – faire du mal.
Maintenant que faut-il entendre par péché mortel ? Il s’agit d’un terme de la tradition catholique romaine qui distingue péchés mortels et véniels. Je ne l’utilise pas, d’une part parce qu’il n’y a qu’une seule sorte de péché : la mauvaise relation à Dieu. Je ne l’utilise pas pour une seconde raison : toute rupture ou falsification de relation (horizontale comme verticale) est en un sens mortelle. L’adultère ou le vol l’est autant que la non-reconnaissance de l’unicité de Dieu. Car qu’est-ce que la mort ? sinon la rupture ou l’altération des relations constitutives de ma vie. Ainsi la mort est déjà présente dans ma vie à chaque fois qu’une relation se brise ou devient mauvaise. En ce sens le péché comme rupture de la relation fondamentale pour ma vie est à chaque coup mortel !